La 54e édition de La Solitaire du Figaro Paprec a tenu toutes ses promesses et sacré un grand vainqueur : Corentin Horeau (Banque Populaire), qui a remporté à 34 ans la course reine du Championnat de France Elite de Course au Large à laquelle il a participait pour la 7e fois. Une édition 2023 qui s’est jouée en trois actes intenses et engagés.
Corentin Horeau (Banque Populaire) © Jean-Louis Carli
S’il a été incertain jusqu’à l’arrivée de la troisième étape à Piriac-sur-Mer (Loire-Atlantique), on connaît désormais le classement général de la 54e édition de La Solitaire du Figaro Paprec. Et son podium. Corentin Horeau, respectivement 15e, 2e et 6e sur les trois étapes, réalise l’un de ses rêves en montant sur la première marche du podium. Mais pour faire un beau vainqueur, il faut aussi un beau 2e, Basile Bourgnon (Edenred), vainqueur de l’étape 2 entre Kinsale (Irlande) et la Baie de Morlaix, et un beau 3e, Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022). Derrière, la belle surprise est venue du côté de Benoît Tuduri (CAPSO – En Cavale)* * (SUITE À UNE DÉCISON DU JURY DE LA FFVOILE, BENOIT TUDURI S'EST FAIT EXCLURE DE LA COURSE POUR TRICHERIE ), 4e au scratch et vainqueur du classement Beneteau des Bizuths. Le marin de 29 ans s’est adjugé par deux fois les honneurs de la ligne sur la première et la troisième étape, et par trois fois le Trophée Beneteau des Bizuths. De son côté, l’Irlandais Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan), vainqueur de la première étape (Caen – Kinsale), remporte le Trophée Vivi, qui sacre le premier skipper étranger au classement général.
On retiendra également la belle performance d’Elodie Bonafous (Quéguiner – La Vie en Rose), 3e de la dernière étape et 7e au classement général. Mais aussi la déception de certains venus pour faire a minima un podium cette année, à l’instar de Guillaume Pirouelle (Région Normandie), grand favori de l’épreuve, ou encore d’Alexis Loison (Groupe REEL), qui terminent respectivement 17e et 16e de la course. Un classement qui laisse un goût d’inachevé à ces deux grands marins, que l’on devrait revoir un jour sur La Solitaire du Figaro Paprec. Ces derniers ne seront pas les seuls à revenir l’an prochain ou plus tard pour tenter d’inscrire un jour leur nom au palmarès de la plus dure des courses au large en solitaire.
Un bilan sportif positif
Trois beaux parcours concoctés par Yann Chateau, Directeur de Course, des marins talentueux et des rebondissements : tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette 54e Solitaire du Figaro Paprec une véritable réussite sur le plan sportif. « C’est La Solitaire du Figaro Paprec. Quels que soient le parcours et les conditions météo, le bilan est toujours positif du fait des compétences et de l’engagement des marins, qui sont extraordinaires. Le fait qu’ils bataillent tout le temps sur l’eau est extrêmement intéressant. Ça se retranscrit dans chaque placement de jibe (empannage), chaque choix de virement. Ils tentent toujours de petits coups. Ça ne se voit pas forcément sur la cartographie publique, mais le match est passionnant quand on le suit en temps réel sur l’eau. On a assisté à un match endiablé, c’était extraordinaire », avance celui qui a fait les trois étapes sur l’eau à bord du catamaran We Explore de Roland Jourdain, le bateau Direction de Course. « Alexis Loison, qui a participé à la course pour la 17e fois le résume bien : la flotte est d’une homogénéité folle et il y a un super niveau même si les marins ne sont pas connus du grand public pour l’instant », poursuit-il.
Si les écarts en temps sont conséquents cette année, ces derniers « ne sont pas représentatifs de la densité de la flotte » d’après Yann Chateau, qui estime que « si l’on était capable de lisser ça par rapport aux conditions météo que les marins ont eu à l’arrivée de la deuxième étape, les écarts seraient infimes entre l’ensemble des concurrents ». Selon lui, « les parcours ouverts et les conditions météo ont été sources de chamboulements dans la hiérarchie, notamment sur l’étape 2, et ont coûté très cher à certains », notamment à quelques grands favoris, dont Guillaume Pirouelle (Région Normandie). « C’était violent et dur mais ça fait partie des règles de La Solitaire. Au-delà de l’aspect purement sportif, c’était compliqué d’un point de vue humain et difficile pour les marins de repartir sur une troisième étape sur laquelle les premières 24 heures ont été dures, avec une nuit de récupération en moins pour ceux qui ont passé une nuit supplémentaire en mer. Ça a altéré un peu l’homogénéité sportive, mais c’est le cas sur toutes les éditions ». Émerveillé de l’engagement de marins et leur niveau de compétences qui engendrent des batailles permanentes sur l’eau, Yann Chateau a été agréablement surpris par quelques options, « parfois anecdotiques, parfois très visibles comme celle de Benoît qui était très tranchée sur l’étape ». L’un de ceux qui a le plus étonné positivement le Directeur de Course est Laurent Givry (Cap Horn). « C’est un profil amateur qui ne s’entraîne pas beaucoup. Il a fait une étape 2 assez géniale. Il a fait un bon début d’étape avant de perdre un peu par la suite avec moins de vitesse au portant, mais il a réussi à s’accrocher. Je pense qu’il a beaucoup appris sur l’aspect sportif mais aussi sur lui-même car la course est vraiment dure, humainement et mentalement. D’ailleurs, l’aspect mental est très important, il faut savoir rester costaud dans les moments difficiles. Et chacun en rencontre à un moment de la course. Il faut savoir se faire violence quand c’est nécessaire, composer avec les aléas de la course et rebondir ».
Le Village à Piriac-sur-Mer
Si la course est désormais terminée en mer, le village Grand Final de La Solitaire du Figaro Paprec reste ouvert jusqu’à dimanche à Piriac-sur-Mer. L’occasion pour tous de venir admirer les Figaro BENETEAU 3 amarrés le long des pontons C et D, de profiter des animations proposées gratuitement par les partenaires de la course et les exposants, mais aussi et surtout de venir célébrer les marins lors de la remise des prix, qui aura lieu samedi à 14h00 sur la scène du village.