Philippe Hartz est le second a avoir validé officiellement son inscription à la 54è édition. Pour sa 3ème participation, le marin/militaire sponsorisé par la Marine Nationale a hâte de s'aligner sur la ligne de départ et d'engager la compétition avec les autres marins. Découvrez l'interview !
1/ Philippe, j’ai une première question, la plus évidente, qui es-tu ?
Je suis marin d’état, militaire au service de la marine national, et après de nombreuses années à servir dans les forces, me voilà investi d’une nouvelle mission, celle de faire rayonner l’institution dans la course au large et plus particulièrement dans le circuit Figaro qui est un circuit à majorité professionnel, un petit peu à l’image du commandant Éric Tabarly en son temps.
J’ai eu la chance de pratiquer ce magnifique sport qu’est la voile, et après de nombreuses années à servir sur des bateaux gris, j’avais envie de continuer à rester au large, mais en re-pratiquant ma passion, la voile. Donc, c’était naturel de retourner sur l’eau plutôt du côté sportif.
2/Il s’agit de ta troisième participation, quelle image as-tu de la Solitaire du Figaro ? Sur 100% : Jauge ton niveau d’excitation et d’appréhension.
À l’aube d’attaquer ma troisième Solitaire du Figaro, je dirais que la solitaire est fidèle à sa réputation, l’image qu’elle a est réelle. C’est une course vraiment excitante, passionnante et particulière. Sportivement, je dirais que c’est la course la plus intéressante, car on est quand même à armes égales. Si je devais jauger ça en termes d’excitation, je dirais qu’elle est à 70%. Le taux d’appréhension serait à 50%, il faut dire que hors sports, j’ai connu des épreuves un petit peu plus hostiles…
3/ Dis-nous en plus sur tes sponsors ? ton projet ?
J’ai la chance d’être appuyé dans mon projet sportif par la Marine Nationale. Du matelot à l’amiral, en passant par les civils qui servent, ça fait plus de 40 000 personnes qui sont derrière moi et me soutiennent.
Je porte également les couleurs de la Fondation de la mer qui œuvre pour améliorer l’état de santé de notre espace de jeux, les océans. Dans l’ordre chronologique à avoir soutenu mon projet, il y a TechnicAtome qui œuvre dans la propulsion navale nucléaire. Il y a Preligens qui fait de l’intelligence artificielle notamment dans le domaine de la défense et Maison Gatti qui fabrique artisanalement les meubles sur lesquels vous vous asseyez en terrasse à Paris et en Province.
4/Ton meilleur et pire moment en navigation ?
Le pire moment, c’est lorsque j’entends à la radio que j’ai 70 nautiques de retards à la 4ème étape de la Solitaire du Figaro 2021, donc ma première Solitaire. Ces 70 nautiques de retards m’ont fait arriver 17 heures après le vainqueur d’étape qui était Pierre Leboucher. Ce fut un dur moment à avaler parce que ça m’a fait rendre une copie générale de ma solitaire qui à mon sens ne reflétait pas mon niveau. Dans la foulée, le meilleur moment que j’ai vécu a été pendant la première étape de la solitaire 2022 ou je suis classé 2ème après une belle bagarre avec Davy Beaudart et Frédéric Duthil.
Pour la petite anecdote, je crois que c’est un petit oiseau qui a embarqué sur mon bateau aux îles Scilly et qui a débarqué en arrivant sur la pointe bretonne, c’était probablement lui mon porte-bonheur !
Ce qui est marrant, c’est que le pire et le meilleur moment se sont joués au même endroit !
5/ La Solitaire en 3 mots ?
Je dirais Belle, Exigeante, et Impitoyable. Belle parce que chaque édition dans l’histoire de la solitaire a montré que c’était une épreuve magnifique. Exigeante, parce que la rigueur et les ressources nécessaires pour s’y engager sont grandes. Impitoyable, parce que ce n’est pas parce qu’on a tout donné que ça va forcément payer. Donc impitoyable…
6/ Raconte-nous ta journée type de marin, hors période de course.
J’avoue que cette année a été bien remplie par la recherche de nouveaux partenaires pour embarquer dans mon projet et pour pouvoir justement me libérer un petit peu des autres tâches qui occupent mon agenda. À savoir bricoler sur mon bateau parce que, hors Solitaire, je n’avais pas de préparateur, je ne pouvais pas me le permettre.
C’est communiquer pour faire vivre mon projet et mes partenaires à travers celui-ci. C’est de la communication mais aussi de la gestion. C’est une vraie vie d’entrepreneur, la plupart des skippers ont une entreprise qu’ils doivent gérer, donc de la comptabilité, des factures à régler, des prestataires à relancer.
Tout ça occupe bien mon emploi du temps et ces activités sont à organiser autour de mes périodes d’entraînements. Heureusement pour moi, dans cette liste de tâches fastidieuses, ma femme Émilie m’assiste bénévolement.
Cette année, je me suis offert deux semaines de break en Corse pour déconnecter un petit peu du bateau parce que j’en avais besoin. Depuis le lancement du projet, je n’avais pas pris le temps de respirer !
7/ Quelle chanson inavouable écoutes-tu quand tu es seul au large et qui peut aider contre la fatigue ou l’angoisse ?
Une chanson que j’aime bien écouter au large est un extrait de la bande originale de “La Planète aux Trésors”, “Un homme libre” de David Hallyday. Je trouve qu’elle reflète bien ce que l’on ressent et ce que l’on vit en mer.
Après, je suis assez éclectique donc quand c’est cool, je vais écouter quelque chose de plus chill, et quand c’est plus engagé, je vais écouter quelque chose d’un peu plus hardcore, du rock, du AC/DC etc…
8/ Ton objectif cette année, tes ambitions futures ?
Mon objectif “bas”sur cette solitaire 2023 serait de rentrer dans les 10 premiers, je pense que je peux maintenant légitimement y prétendre. Quant à l’objectif “haut”, il y a tellement de clients que c’est un petit peu compliqué de s’avancer.
À plus long terme, j’aimerais me lancer à la barre d’un projet compétitif sur une campagne Vendée Globe 2028, donc je cherche les partenaires qui souhaiteront m’y accompagner.
9/ Un ancien figariste qui te sert d’exemple aujourd’hui ?
Je n’ai pas vraiment un figariste en exemple, c’est plutôt une multitude de personnages qui ont fait l’histoire de cette course qui m’inspire, entre la fougue d’un Bourgnon qui gagne en tant que Bizuth, la touche ultra professionnelle du professeur Michel Desjoyaux, les regards espiègles d’un Gilles Le Baud, les conseils avisés d’un Dominic Vittet, et puis il y en a tant d’autres !
Après, hors figaristes, il y a Éric Tabarly qui m’inspire beaucoup et notamment en regardant les images d’archives. Il avait toujours la parole rare, mais juste.
10/ Un dernier mot ?
Un dernier mot serait à l’intention de tous ceux qui se posent la question s’ils doivent se lancer sur La Solitaire ou pas. Si ça vous tente, allez-y ! N’ayez pas peur, n’ayez pas froid aux yeux.
C’est sûr qu’en face de vous, vous allez avoir des gens qui savent naviguer et qui ont faim. Maintenant, c’est ce que l’on vient chercher sur la Solitaire, ne vous posez pas trop de questions et allez-y. Il y a des bateaux qui sont sur les tarmacs et qui n’attendent qu’un skipper pour venir naviguer et s’aligner sur la ligne de départ. Ça nous fera faire des superbes Solitaire à 50 bateaux