L’esprit humain a cette faculté d’oublier rapidement la dureté des choses, même les plus extrêmes et rebondir vers l'avant. Les marins en savent quelque chose et en cette dernière journée de la dernière étape de La Solitaire du Figaro, les esprits sont focalisés vers la dernière descente, l'ultime de ce long périple. Après une dernière descente de la Manche, un passage du Four dans les petits airs, cap au sud dans des conditions beaucoup plus maniables, mais les effets du courant et du vent jouent avec les nerfs des skippers.
Menée par Loïs Berrehar, juste avant le passage à South Portland Bill, la flotte s’étire, se resserre, s’étire de nouveau. Une situation très désagréable pour les leaders au classement général qui, sans le dire, pensent à l’issue de cette édition 2024 de La Solitaire. « Je ne m’attendais pas à ça, ce midi. Ce n’était pas agréable de revoir les copains derrière. Un petit avantage est toujours bon à prendre, il faut se re-mobiliser pour recréer des écarts et espérer garder ma position. Ce qui est frustrant avec les nuages de ce matin, c’est que, pour le classement général, il ne faut pas que je sois juste devant, il faut que je sois loin devant. Je joue l’étape à fond et je n’y pense pas trop. Le coup de Trafalgar qu’on a eu dans le Four je n’en ai jamais entendu parler dans le bulletin de météo Consult, tant que je ne suis pas arrivé, je me méfie ». Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022)
À 13 h 30, le skipper de Macif franchissait la pointe Saint-Mathieu en première place, à 0,9 mille de Basile Bourgnon (Edendred), 2,4 milles de Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Performance) et surtout 5,4 milles sur Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan). Une situation qui relance les calculs pour le podium final. Mais les skippers sont méfiants et l’histoire le prouve bien. L’arrivée à Gijón en est la meilleure des preuves. Finalement, Loïs l’avait emporté.
Une vingtaine de milles plus loin, à la Pointe du Raz, Loïs prend le large et compte 9,2 milles d’avance. Mais ce qui est important à regarder reste la bataille pour le classement général. Si Tom Dolan compte 57 min et 52 s d’avance sur Gaston Morvan, ce dernier navigue actuellement en troisième position, avec 4,6 milles d’avance sur Tom Dolan. Un écart suffisant pour être comblé ? Pas certain, mais la troisième place du classement général pourrait se jouer entre Charlotte Yven (Skipper Macif 2023), Hugo Dhallenne (YCSL – Primatice – SLB Pharma), Loïs Berrehar (Skipper Macif 2023) et Martin Le Pape (DEMAIN). Les prochaines heures seront une nouvelle fois cruciales pour ces marins qui espèrent tous monter sur le podium de La Solitaire du Figaro Paprec.
Du côté des bizuths, Arno Biston (Tizh Mor) devance pour le moment Tom Goron (NAVALEO) actuel leader du classement des Bizuths. Les deux marins se tiennent en 1,4 mille et Tom Goron possède un peu moins de 20 minutes d’avance au classement général. Cette compétition dans la compétition sera à surveiller de près.
Les estimations pour l’arrivée des premiers se situent actuellement en fin de nuit, jeudi, vers 5 h du matin.
Ils ont dit :
Gaston Morvan (Région Bretagne - CMB Performance) :
« Je n’avais jamais navigué comme ça en solitaire sur le Figaro 3. Les conditions de navigation avec 30 nœuds de vent sur la traversée, c’était juste fou. Nous avions créé un petit break, mais pour pas grand-chose, en fait. On va arriver au Raz de Sein, le courant sera défavorable, si le vent mollit, ça va être compliqué. Je ne regarde pas franchement le classement, il y a encore beaucoup de choses qui peuvent se passer. La météo décidera de la suite. Il y a une frustration, oui, de faire la course dans le bon paquet et d’être rattrapé ensuite par ceux de derrière. Il faut désormais se concentrer sur la fin de parcours, car la météo peut être encore piégeuse. »
Hugo Dhallenne (YCSL – Primatice – SLB Pharma) :
« On va butter contre le courant à la pointe du Raz. Il faut que je reste à portée de fusil si je veux m'accrocher au podium final. Pour le moment Loïs a mis une sérieuse option pour le podium. »