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La très lente conquête du Fastnet

Dernière mise à jour : 15 sept. 2023


A retenir

  • Du suspens dans les rangs dispersés de la flotte en panne de vent en mer Celtique cet après-midi.

  • L’Irlandais Tom Dolan, « local de l’étape », aux avant-postes en direction du Fastnet sur une route nord.

  • Des vents beaucoup plus musclés aux abords du Fastnet pour des premières arrivées prévues entre 08h00 et 14h00(heure française), demain, à Kinsale.


Le Fastnet et les côtes irlandaises se méritent pour la flotte de la 54e Solitaire du Figaro Paprec en route pour doubler cette dernière marque de parcours avant l’arrivée à Kinsale. Après trois jours de course, les 32 skippers doivent aujourd’hui prendre leur mal en patience, alors qu’ils progressent, à toute petite cadence, dans un petit flux de nord-ouest mollasson, qui s’évapore au fil des heures. La faute à une dorsale anticyclonique barrant la route et jetant le trouble sur le dénouement de cette première étape, qui a pris une nouvelle tournure au passage des Scilly, la nuit dernière.

Scission aux Scilly

Encore relativement groupée hier, la flotte s’est en effet éclatée dans tous les sens aux détours des nombreux DST* (dispositifs de séparation du trafic) ceinturant l’archipel de la mer Celtique. Ce midi, les protagonistes de deux options, que les routages ont bien du mal à départager, se tiennent en respect sur des trajectoires divergentes qui mènent au Fastnet. À commencer par celle suivie par l’Irlandais Tom Dolan (Smurfit Kappa - Kingspan), qui s’est emparé des commandes dans la nuit après avoir pris la tangente au nord, au plus près de la route directe. Sur cette option marquée, il était alors accompagné par deux bizuths, Benoît Tuduri (CAPSO - En Cavale) et Julie Simon (DOUZE). Bien leur en pris, puisque ces deux audacieux se partagent, quelques heures plus tard, les deux premières lignes d’un classement de plus en plus versatile à mesure que la « pétole » s’étend sur le plan d’eau. Ils sont suivis de près par Nils Palmieri (TeamWork).


©Alexis Courcoux (Nils Palmieri /TeamWork.net)


Perturbations et accélérations la nuit prochaine

Cette situation se révèle forcément éprouvante pour les nerfs des solitaires en panne d’air à l’entame du final de cette étape qui se termine sous le signe de l’incertitude. Corentin Horeau (Banque Populaire), Loïs Berrehar (Skipper MACIF 2022), Guillaume Pirouelle (Région Normandie) et tous ceux qui ont privilégié une route à l’ouest au passage des Scilly en font les frais. Bien installés aux avant-postes hier, ils perdent des milles et dégringolent dans les classements. Mais pour combien de temps encore alors que la flotte attend l’arrivée d’une perturbation ? En début de nuit prochaine, en approche du Fastnet, ce nouveau système apportera « un vent de sud-ouest de 15 à 20 nœuds, rafales à 25 à 28 nœuds au passage du front, voire à 30 nœuds sous les grains orageux, » annonce Cyrille Duchesne de METEO CONSULT. De quoi franchement accélérer le rythme sur le dernier sprint vers Kinsale dans le courant de la matinée demain.

©Alexis Courcoux


Les mots à la VHF 🎙


Élodie Bonafous (Queguiner - La Vie en Rose), jointe à 06h15 :

« On attend une bascule du vent à gauche pour virer et commencer à faire route vers le Fastnet. C’est intéressant, parce que Tom Dolan nous a lâchés. Il a pris son petit baluchon, son courage et il est parti de l’autre côté. La flotte s’est un petit peu éclatée. À voir ce que ça donne. Je suis plutôt confiante dans ce que je fais, et contente de mes choix […] Je reste aux aguets des variations de vent pour positionner mon virement au bon moment. Cela va adonner au fur et à mesure. Il va falloir être sur le dossier des changements de voiles et des trajectoires. J’essaye d’être rapide pour arriver au Fastnet avec le coucher de soleil. Malheureusement, je suis en train de me dire que j’allais encore le passer de nuit, et ne pas le voir. »

Benoît Mariette (Génération Senioriales), joint à 06h30 :

« Au passage des îles Scilly, j’ai choisi d’aller dans l’ouest le plus rapidement possible pour anticiper la rotation du vent que l’on vient de toucher il y a 10 minutes. Jouer cette bascule-là était le choix le plus évident. On verra si le placement était bon […] La nuit a été bonne et j’ai bien dormi. C’était propice. J’en avais besoin car les deux premières nuits, j’avais eu du mal à me reposer. Mais on sent qu’on se rapproche de l’Irlande, car ça commence à cailler. J’ai le bonnet depuis le coucher du soleil. »

Corentin Horeau (Banque Populaire), joint à 10h30 :

« On est avec les copains, dans le bon paquet. Que demande le peuple ? Il y a un peu de soleil avant la grisaille prévue pour ce soir en Irlande. Aux îles Scilly, il y a eu pas mal de choix possibles. On verra bien ce que ça donne au Fastnet. Mais pour y arriver, il va d’abord falloir faire avec des vents faiblards toute la journée. On était un peu en avance sur les routages, mais là on a pris un peu de retard. On va essayer de se dépatouiller avec ça. Logiquement, on doit passer le Fastnet de nuit avec de l’air assez fort, surtout si le front bloque un peu sur les côtes en arrivant.

Loïs Berrehar (Skipper MACIF 2022), joint à 11h :

« Le vent a bien molli. C’est un peu sur le fil, toute en finesse, mais je gère bien ma course au niveau sommeil, je suis plutôt en forme étonnamment. Je viens de mettre mon gennaker, une voile pour des allures portantes, parce que le vent vient d’adonner. Et ça, c’est plutôt bon signe. Cela pourrait nous permettre d’enfin accélérer vers le Fastnet. Le temps de traverser la dorsale, cela risque de rester instable. Ensuite, on doit avancer avec un front et là on aura du vent plus établi, et ce sera plus facile entre guillemets. Plus que stressantes, les conditions actuelles sont plutôt stimulantes, même si ce n’est jamais agréable quand cela ne distribue pas pour notre camp. Mais quand on arrive à bien le gérer, c’est plutôt sympa, et cela reste intéressant. »


*Un dispositif de séparation du trafic est établi afin de réduire les risques d'abordage dans une région où le trafic maritime est dense dans les deux sens, et dans les zones où se croisent des flux importants de navires. Ces zones sont donc interdites à la navigation pour les Figaristes.


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