La dernière Manche est lancée…
© alexis courcoux / Romain le Gall Centre excellence voile - secours populaire
Tout ça pour ça ! Après un nouveau regroupement général au passage de la pointe sud-ouest de l’Angleterre, le flotte progresse une nouvelle fois très groupée. Cette fois encore, Land’s End a été le théâtre, en début de soirée hier, d’une navigation sous haute tension. « Les marins se sont de nouveau retrouvés face à un cruel dilemme, explique Yann Chateau, Directeur de Course. Venir s’abriter à la terre pour se protéger du courant, au risque d’avoir moins de vent, voire pas de vent du tout, avec la possibilité de mouiller leur ancre pour éviter de reculer ; ou au contraire, essayer de passer le plus loin au large pour conserver un maximum de vent loin de la côte, mais avec le risque de se trouver en impossibilité de lutter contre le courant ».
Rebelote, donc. De toute évidence, autour de ses deux ingrédients majeurs - vents légers versus courants forts - cette deuxième étape aux détours des côtes celtes n’en finit pas de redistribuer les cartes, avec des écarts qui se défont aussi vite qu’ils se sont créés.
À Land’s End, c’est encore une fois la côte qui a payé, faisant le bonheur des audacieux comme Corentin Horeau (Banque Populaire), Basile Bourgnon (Endenred) ou encore Loïs Berrehar (Skipper MACIF 2022), qui ouvrent ce matin la marche au près dans un vent de sud-est d’une douzaine de nœuds. Ces trois là se tiennent en un tout petit mille. Les gros écarts d’hier ne sont plus qu’un vieux souvenir. Notons aussi le belle remontée du bizuth Benoît Tuduri (CAPSO En Cavale), toujours aussi inspiré et offensif pour mériter de figurer dans les bons coups. Le suspense reste entier alors qu’il reste, à 8h, les 50 derniers milles pour rallier la Baie de Morlaix. Avec la menace du retour de la pétole qui plane en approche de la Baie de Morlaix et des Figaristes peinant ce matin à se départager, c’est sur des eaux bouillonnantes d’incertitude qu’est désormais mouillée la ligne d’arrivée. Les premiers y sont attendus à partir du début d’après-midi. À moins que la molle s'en mêle...
Les mots à la VHF 🎙
Basile Bourgnon (Edenred) : « La foire à neuneu encore une fois… » « Je vous avais promis mes petits plans il y a deux jours. Il a fallu être patient, mais je savais que ça allait s’arrêter par ici (Land’s End, ndlr). Je ne pensais pas que ça allait si bien payer pour moi en traversant la flotte dans la pétole ; et que j'allais me retrouver en tête avec Corentin (Horeau). Mais c’est plus facile quand on arrive par derrière, on voit les petits copains qui sont arrêtés, on zigzague entre deux risées. Je pense avoir mieux négocié le contre-courant très proche de la côte. Je me suis fait quelques bateaux. C’est motivant. Ça m’a permis de continuer à faire des petits empannages dans les petits airs. Je me suis retrouvé devant assez rapidement, alors que j’avais un bon train de retard. Mais c’est ça le Figaro, c’est jusqu’au bout ! Je suis assez étonné de moi-même, dans le sens où j’ai été hyper patient. J’avais un retard énorme, mais c’est une course où je me fais plaisir. Je tente des options, j’ai attaqué deux fois assez fort. Cela n’a pas marché les deux fois. Mais j’ai patienté, et être patient, cela a du bon. Actuellement, nous avons un vent de 12 nœuds de sud-est , qui nous empêche de faire la route directe. On sait que le vent ne va pas être très fort, assez régulier. Et en approchant des côtes bretonnes, cela va être la foire à neuneu encore une fois, donc il va falloir rester concentré. Le fait qu’il n’y ait pas de mer du tout permet au pilote automatique de barrer très bien, aussi bien que nous. Cela laisse le temps de nous reposer, et je crois que c’est l’étape de La Solitaire sur laquelle je me suis le plus reposé. Donc ça va bien, même très bien. On devrait arriver à Roscoff en début d’après-midi si tout va bien, ou en début de soirée s’il y a pétole. »
Benoît Tuduri (CAPSO En Cavale) : « On verra sur la ligne »
« Avant Land’s End, j’ai trouvé des petits passages qui allaient bien pour bien me positionner par rapport au courant. J’ai buté en même temps que Gaston et Corentin est revenu sur moi. C’était un peu au petit bonheur la chance pour trouver la bonne risée. Des scenarii durs pour les nerfs, on en a connu toute la Manche. On prend sur soi et on va de l’avant. Je pense être bien positionné et suis d’attaque. On verra sur la ligne d’arrivée, là où on en sera. »