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L’Eire de rien…


Soleil radieux, mer plate, et légère brise thermique de sud-ouest : ce dimanche après-midi, c’est bien dans un temps curé que la flotte de La Solitaire du Figaro Paprec est entrée sous spi, de plain-pied, dans la deuxième étape de la course à destination de la Baie de Morlaix.


Difficile d’imaginer des conditions plus agréables pour entamer ce parcours le long des côtes sud irlandaises. Mais derrière cette carte postale, les 32 solitaires savent que tout est en place pour mettre, d’entrée de jeu, leurs nerfs à très rude épreuve.


Sur les coups de 19h, le skipper Romen Richard (Passion Santé) ouvre la marche dans un contexte incertain. Sur le plan d’eau, le vent refuse à mesure qu’il s’écroule à l’entame d’une zone de transition. Les gennakers ont remplacé les spis. Mais les skippers ont bien du mal à les régler. Éole s’est en effet évaporé, et il faut ronger son frein avant qu’un flux de nord-est s’établisse pile dans l’axe de la route. Cap sur le canal Saint Georges, matérialisant le début de la remontée en mer d’Irlande. Il reste 50 milles à parcourir pour le rallier. À moins de trois nœuds de vitesse, la nuit s’annonce très, très longue. Pas étonnant que quelques solitaires réclament, ce soir, une revue de presse sportive et que les ondes VHF s'animent...


Les mots du soir à la VHF :


Anthony Quentin (Hace Alur) : « On est bien partis, c’était sympa d’être sous gennaker et de passer sous spi. On était tous ensemble, c’était assez sympa. Puis je suis descendu cinq minutes pour regarder la carto, et je me suis fait prendre dans une bulle. Résultat : j’ai pris un mille et demi direct. La nuit prochaine s’annonce compliquée avec une transition à bien gérer. J’essaye d’économiser les efforts, et surtout de me nourrir plus. Cet après-midi, j’ai déjà dû manger plus que tout ce que j’avais avalé sur sur toute la première étape. À Kinsale, j’ai trouvé du bon fromage et des bons buns briochés. Je suis d’attaque, d’autant que j’ai aussi trouvé un paquet de bonbons dans mon bateau, qui m’a remis de bonne humeur après ma bulle sans vent. Avec le pôle (Centre d’Excellence Voile de La Rochelle), on a bien travaillé le passage du canal Saint-Georges. Vu le timing, il va falloir raser les côtes pour essayer de s’abriter du courant. Mais j’en suis encore loin. »


Laurent Givry (Cap Horn) : « J’ai eu des difficultés avec mon spi et j’ai dû passer la bouée Paprec bon dernier. Je suis un routage qui me dit partir un peu au large pour attraper le vent qui va rentrer dès que la nuit va tomber. J’ai déjà rattrapé deux ou trois bateaux, et je suis sur le point d’en passer deux plus. J’ai un vrai coup de motivation. En revanche, je n’ai pas lâché la barre depuis le début. Là, je viens d’envoyer le gennak. J’avance à 2,8 nœuds dans trois nœuds de vent, c’est pas si mal. Mon objectif sur cette étape, c’est de mettre mes alarmes en place quand je vais dormir. Je suis motivé, j’ai un plan très précis, je vais le suivre à la lettre, et j’espère que ça payer. »


© Alexis Courcoux / Laurent Givry (Cap Horn) au large des côtes sud de l'Irlande

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