top of page

JULES DELPECH : 11EME INSCRIT À LA SOLITAIRE DU FIGARO PAPREC

A 34 ans, Jules Delpech participe cette année à sa troisième saison en Figaro Bénéteau. Une participation qui semble logique pour celui qui vit de sa passion pour le large depuis plus de 10 ans. Ancien préparateur, il connaît les bateaux de course sur le bout des doigts et cela a naturellement éveillé en lui des envies de régates en solitaire.

1. Jules, j’ai une première question. Si demain soir je te croise en soirée et que je te demande : ” Jules, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? “. Qu’est-ce que tu me réponds ?

Alors déjà, si tu me croises en soirée, tu auras vraiment de la chance parce que ça n’arrive pas souvent… À la limite tu peux me croiser à la salle de sport à 23 heures, mais en soirée peut-être pas. Mais sinon je te réponds que je travaille dans la course au large et plus précisément que j’ai deux métiers. J’ai un premier métier où je dirige une toute petite société qui s’appelle Offshore-Tech, qui a commencé par vendre des caméras sous-marines, notamment pour filmer des quilles des Figaro pour voir si il n’y a pas des algues en particulier. Et aujourd’hui on équipe des Figaro, des Class40, des Imoca, des Ultim, des IRC. On a créé un site internet et on essaye d’étoffer le site avec d’autres produits, des articles de hautes performance/qualités sportives de la course au large. Ça résume un petit peu qui je suis et d’où je viens. J’ai été préparateur pendant une dizaine d’année, au début en Figaro avec Morgan Lagravière et un petit peu avec Gwenolé Gahinet. Ensuite, j’ai de nouveau rejoint Morvan sur son Imoca, avec la construction du Safran 2 qui a gagné le dernier Vendée Globe avec Maitre Coq, et Yannick Bestaven, un petit peu avec Morgan. J’ai fait toute la campagne avec Morgan pendant quasiment 4 ans. Dans un premier temps avec l’équipe de Marc Guillemot et dans un second temps avec l’équipe de Romain Jourdain, donc super expérience. Ensuite, je suis devenu un peu plus indépendant, et j’ai travaillé notamment avec Alain Roura lorsqu’il a réceptionné son deuxième Imoca, et avec Banque Populaire sur la construction de leurs deux derniers trimarans. Après avoir fait un peu de tout, un peu de gréement, un peu de composite, etc… Je me suis mis à faire beaucoup plus de composite pour répondre à la demande du milieu en termes de masse de travail.

J’en avais un petit peu marre et j’avais envie de retourner à la régate, parce que j’ai toujours fait de la régate jeune et ado et un petit peu moins dans ma vie d’adulte. J’ai appris la voile à l’Ile de La Réunion, où j’ai fait tout le circuit optimiste, 420, laser, Class8. J’ai arrêté la voile en arrivant en Bretagne ou j’ai travaillé au Glénans juste avant de devenir préparateur pour Morgan. Après Banque Populaire, j’en avais un petit peu marre de faire du composite même si c’était des superbes aventures de travailler dans toutes ces équipes. Je me suis mis à monter mon projet Figaro parce que la monotipye m’intéressait et m’intéresse toujours beaucoup. Elle donne un aspect sportif au skipper qui est extrêmement intéressant. C’est le Skipper qui fait la différence et c’est ce qui m’a motivé de venir dans ce milieu !


2. Il s’agit de ta troisième participation cette année, quelle image as-tu de la Solitaire ?

Pour moi La Solitaire du Figaro Paprec, c’est la course sportive par excellence. Notamment dû au fait que ce soit des monotypes, et comme je le disais dans la question précédente, les skippers font la différence. C’est rare dans le milieu de la voile, hormis en Olympisme, mais dans la course au large, ce n’est pas commun et c’est ce qui m’attire beaucoup. La Solitaire du Figaro Paprec, c’est aussi un grand nom qui fait beaucoup parler et qui fait rêver, et j’aime bien le rêve ! Du coup, c’est ce qui m’a attiré à faire cette grande course, à la fois pour me dépasser sportivement, mais aussi pour vivre quelque chose de grand en participant à une telle course. Il s’agit de ma troisième participation donc il y a moins d’appréhension et plus d’excitation. Et puis, j’ai bien progressé ces derniers temps, donc je suis très excité. Je dirais 80% d’excitation et 10% d’appréhension, mais peut être que le ratio changera un petit peu quand la course arrivera pour de vrai. Il me tarde de venir me confronter à mes petits copains, et notamment sur La solitaire du Figaro Paprec !


3. Dis-nous en plus sur tes sponsors ? ton projet ?

J’ai un partenaire titre qui est Orcom. Ce sont des experts-comptables, et ils font du conseil en entreprise grâce à leur pôle RH et juridique. Ils accompagnent les entreprises dans tous leurs développements pour répondre à un maximum de leurs besoins. Leur siège est à Orléans et ils se sont développés grandement dans l’Ouest de la France ces derniers temps en rachetant les cabinets Avenir, accompagné d’un sponsoring voile, ce qui est une merveilleuse idée !! Mes autres partenaires sont Poe-ma Assurances, et Turbo Fonte qui vient juste de rejoindre mon projet, et je suis très content de les avoirs avec moi aujourd’hui.


4. Ton meilleur et pire moment en navigation ?

Question difficile, il y en a tellement des bons et des mauvais moments ! Il y a un bon moment que je retiens beaucoup et c’est la traversé retour du Golfe de Gascogne de ma première Solitaire en 2017. On revenait à Lorient, il y avait vraiment du vent et de la mer, c’était un peu chaud ! J’étais au près, je sors d’une petite sieste, je me mets dehors, je me cale au poste de bars, je re-règle le bateau, et d’un coup je vois une baleine sortir au milieu de nulle part qui était là, toute tranquille entrain de dormir à la surface. Le contraste entre la tranquillité de la baleine et l’agitation de la mer était vraiment saisissant et c’était une belle image que je garderais longtemps, c’était un chouette souvenir ! Après j’ai des souvenirs où je passe en tête de La Solitaire du Figaro, et à chaque fois ce sont des chouettes moments car on a l’impression d’avoir bien réussi le boulot. Je pense à un souvenir l’année dernière lorsque je croise devant Tom Laperche en descendant des Scilly. Après avoir fait un bon boulot sous Spi, ça clôturait bien la journée de travail.

Je pense que mes pires moments en navigation, c’est lorsque je suis malade. Notamment sur la Solo Guy Cotten cette année, j’ai été très malade ,car je suis assez sensible au mal de mer. D’habitude, j’arrive à bien prendre soin de moi, à prendre des médicaments aux bons moments, à me nourrir et me couvrir. Je n’y ai pas trop pensé sur cette course, je pense que j’avais un peu un excès de confiance et du coup j’ai été hyper malade et hyper mal. Je m’en suis voulu parce que je n’étais plus dans la course, même si au final je ne fais pas une si mauvaise course. Mais sur le coup, c’était vraiment dur et ce sont des moments difficiles.


5. La Solitaire en 3 mots ?

Je dirais le Sport dans toute sa splendeur. C’est très complet, car si l’on veut être bon sur La Solitaire du Figaro Paprec, il faut être bon dans tous les domaines. C’est ce qui m’intéresse beaucoup dans ce sport. Il faut être curieux pour aller chercher et se remettre en question sans cesse sur un nombre de domaines différents qui est impressionnant parce que l’on touche vraiment à tout. On va toucher la préparation physique qui n’est pas simple, la préparation mentale car La Solitaire du Figaro Paprec est un enchaînement de mauvaises nouvelles, et mentalement c’est hyper dur. Il faut réussir à transformer toutes les mauvaises nouvelles en positif et c’est un énorme boulot mental. Il y a une préparation technique et perf du bateau pour le faire avancer vite et bien. Il y a aussi toute la météo et ça peut aller loin car c’est un vaste sujet. Le plus de connaissance on a, et le mieux c’est. On peut parler de trajectoire aussi, de nutrition à terre comme en mer, et de sommeil. Il y a tellement de domaines et c’est ce qui fait toute la beauté de la course au large. Je pense que La Solitaire du Figaro Paprec demande à ce que l’on se dépasse dans un maximum de domaine pour être performant et celle-ci ne pardonne pas. Le Voyage aussi, car mine de rien, il s’agit d’un bon petit voyage que l’on va faire, et moi j’adore voyager. On va en Irlande, on fait un aller-retour dans le Golfe de Gascogne, on va aller à l’Île de Man, on va voir les côtes bretonnes, les côtes anglaises. A chaque fois on découvre de nouveaux endroits et ça me plaît beaucoup !

Mon troisième mot serait le Partage. On partage ce que l’on vit avec un petit peu tout le monde, avec les autres Skippers même si nous n’avons aucun contact entre nous, avec les équipes d’organisation de course, et les partenaires aussi car ce sont des aventures que nous menons avec eux tout au long de l’année pour participer à cette course. Et tout au long de l’année, on travaille et on partage ensemble ce qui permet d’avoir des aventures humaines de dingue.


6. Raconte-nous ta journée type de marin, hors période de course.

Hors-période de course, il y en a des choses à faire ! Je commence ma journée type en déposant les enfants à l’école. Ensuite, je rentre et je travaille depuis chez moi pendant toute la matinée. Je peux faire de la compta, échanger des mails, rechercher des partenaires, faire de la logistique en commandant du matériel, gérer mes inscriptions, il y a pas mal de travail bureautique. Mon après-midi peut-être consacré à du bricolage, à de la préparation physique, et puis des entraînements.


7. Quelle chanson inavouable écoutes-tu quand tu es seul au large et qui peut aider contre la fatigue ou l’angoisse ?

Je n’écoute pas du tout de musique en bateau, mais j’ai décidé d’essayer de m’y mettre. Attention, j’ai dit essayer, ça ne veut pas dire que je vais m’y mettre… Ma petite chanson du moment c’est : « Lambiance kréol » de Dryce & Srjo. Je suis très périodique dans les chansons, des fois je vais écouter la même chose tout le temps. Cette année, je vais essayer d’écouter un petit peu de musique en mer, peut-être que ça me fera du bien à certains moments.


8. Ton objectif cette année, tes ambitions futures ?

Mon objectif sportif cette année sur La Solitaire du Figaro Paprec serait de faire un top 10 au classement général, et un podium sur une étape. Si je fais ça je serait content, et si je peux faire encore mieux, je prends ! Concernant mes ambitions futures, j’aimerais bien faire La Solitaire du Figaro Paprec en 2024, la Transat Jacques Vabre en 2025, et la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2026, ça serait génial. En 2024, on pourrait augmenter un petit peu les objectifs sportifs !

Je ne suis pas trop du genre à me rattacher à des figures, mais il y a quand même des gens avec qui j’ai beaucoup travaillé qui m’inspirent. Je pense à Morgan Lagravière qui est un petit peu une référence en vitesse. J’essaye de m’imprégner un petit peu de chaque personne que je rencontre et notamment Morgan qui est un bon ami avec qui j’ai un petit peu naviguer. J’essaye de m’en imprégner pour pouvoir comprendre quelles sont leurs démarches et progresser de cette manière. Morgan est très rapide sur un bateau, c’est une référence en vitesse sur les bateaux. En plus de cela il est excellent tacticien.


9. Un ancien figariste qui te sert d’exemple aujourd’hui ?

Il y a une chose qui me fascine et qui me rappelle des skippers tels que Thomas Ruyant ou Yoann Richomme et c’est le mécanisme pour faire les bons choix et comment on arrive à faire un bon choix. Pour y arriver, il faut réfléchir à tête reposée avec du recul. Pour moi, ils arrivent à faire des choix bien posés que ça soit sur l’eau ou à terre sur leurs projets.

bottom of page