Guillaume termine 2e de la dernière édition, et rentre dans le cercle très fermé des Bizuths à monter sur le podium. Il entame cette année sa dernière saison Figaro aux couleurs de la Région Normandie.
1/ Guillaume, j’ai une première question. Si demain soir je te croise en soirée et que je te demande : ” Guillaume, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? “. Qu’est ce que tu me réponds ?
Je suis navigateur professionnel et j’ai aussi un diplôme d’ingénieur à côté. Mais ce qui occupe la plus grande partie de mon temps, c’est la partie navigation et je suis super content de pouvoir vivre de ma passion et de découvrir plein de choses.
Il y a quelques années, j’étais encore sur des petits bateaux, du dériveur notamment, et j’ai commencé la course au large ce qui n’était pas du tout prévu, mais j’ai eu une belle opportunité avec la Région Normandie sur le circuit Figaro. Je ne suis pas mécontent d’avoir mis les pieds en course au large, ça m’a permis d’avoir de nombreuses opportunités depuis et notamment de naviguer sur des plus gros bateaux. Ce qui m’anime tous les jours, c’est le fait de découvrir plein de choses différentes, et de naviguer sur différents supports. De toute façon, tout est transposable d’un sport à l’autre donc c’est vraiment enrichissant.
J’ai eu un parcours assez classique au début. J’ai fait du dériveur puis de l’olympisme, et après j’ai commencé à naviguer sur de plus gros bateaux et en match racing. Je pense que c’est une force aujourd’hui de pouvoir s’adapter très rapidement sur les différents bateaux sur lesquels je navigue. Ce qui me plaît dans notre sport c’est tout ce que l’on peut apprendre sur les différents supports, du kite à foil, aux gros bateaux, aux dériveurs, et aux bateaux à foil. C’est vraiment génial et hyper riche !
2/ Il s’agit de ta deuxième participation cette année, quelle image as-tu de la Solitaire ?
C’est ma deuxième participation cette année. Je suis super excité de refaire cette course que j’avais adoré l’année dernière, et où j’ai pris beaucoup de plaisir. C’est vrai que la première fois tu ne sais pas trop à quoi t’attendre, même si j’avais fait toute la saison pour me préparer.
Malgré ça, c’est une course à part qui est très exigeante, et très difficile où l’on va chercher loin dans nos retranchements. Ça c’est super bien passé pour moi lors de la précédente édition et j’espère que ça se passera aussi bien pour moi cette année. En tout cas, j’avais pris énormément de plaisir à régater sur les trois étapes de cette course, et j’avais aussi découvert beaucoup de choses sur moi-même. Je suis très excité de la refaire cette année. J’espère qu’on aura de belles conditions, mais il y aura du beau match, c’est sûr !
3/ Dis-nous en plus sur tes sponsors ? ton projet ?
Le projet c’est “Jeune Talent Normand”. L’idée de Région Normandie c’est de mettre à disposition un bateau et un budget pour lancer des jeunes skippers dans la course au large. Tous les 2-3 ans, il y a des sélections pour accompagner un nouveau jeune, un Bizuth, sur le circuit Figaro. Ce projet a pour but qu’il fasse ses armes sur le circuit Figaro pour que celui-ci puisse ensuite évoluer en course au large ou sur ses autres projets. On a vraiment les clefs du projet, on fait tout nous-même et c’est ça qui est super. On apprend sur tous les aspects, de la navigation au large jusqu’à gérer le budget, les partenaires, etc… C’est très enrichissant et on a carte blanche donc on peut faire nos propres choix.
Ensuite, quelques partenaires privés ont rejoint le projet cette année, car la Transat Paprec a fait un beau surcoût sur l’année. Les agences immobilières Cythia du Havre et de Caen nous accompagnent. Il y a aussi le groupe Val Fi qui nous accompagne, et en mécénat nous avons la concession Porsche de Rouen et de Caen.
Sinon, je suis très content que La Solitaire parte de Caen puisque cela va permettre de les rassembler sur le départ, de pouvoir le leur faire vivre, leur montrer le bateau, et fédérer autour du projet.
4/ Ton meilleur et pire moment en navigation ?
Ce n’est pas facile… Le meilleur moment, je pense que c’est la victoire d’étape l’année dernière sur La Solitaire. Chaque étape est vraiment une bataille féroce jusqu’à l’arrivée et ça c’est dessiné à la toute fin. C’était assez incroyable pour ma première participation donc j’étais super content et ce sont des images que je garde en tête et que j’espère revivre.
Je n’ai pas vraiment de pire moment de navigation, mais je dirais lorsqu’il n’y plus trop de match dans la course. C’est quelque chose qui m’anime un petit peu moins étant donné que je suis vraiment tourné vers la compétition !
5/ La Solitaire en 3 mots ?
Je dirais l’Engagement qu’on doit y mettre. C’est une course très exigeante qui demande beaucoup de préparation en amont si l’on souhaite être performant, et qui demande à ce que l’on se donne à 100% sur l’eau pendant les trois étapes. On ressort fatigué mais content en général.
Compétition, pour moi c’est une compétition acharnée, où jusqu’au bout personne ne lâche rien et où il y a des retournements de situation dans tous les sens. C’est ça qui est hyper intéressant car même si l’on décroche, grâce aux nombreux retournements de situation, il est toujours possible de revenir. À l’inverse, lorsque l’on est devant, cela ne dure pas forcément très longtemps. C’est parfois frustrant, mais il faut être capable mentalement de raccrocher les wagons et de se remettre dedans !
Un troisième mot serait “riche en apprentissage”, pour moi c’est la course parfaite pour apprendre sur nous-même, et pour apprendre la compétition au large. J’ai beaucoup appris l’année dernière et je comprends mieux pourquoi certains restent longtemps sur le circuit, parce que c’est une course qui est grisante et qui donne envie de revenir !
6/ Raconte-nous ta journée type de marin, hors période de course
C’est très variable, mais sur l’année je suis très focalisé sur ce projet Figaro qui me prend beaucoup de temps. Il y a souvent des journées bricolage, où je vais tout seul ou avec mon préparateur bricoler sur le bateau à Port-la-Forêt. Je peux aussi faire de la préparation météo, des briefings météo, ou de la préparation de roadbook, et des journées de navigations, c’est quand même ce que l’on préfère !
Les journées d’entraînements peuvent être faites tout seul dans mon coin à faire des manœuvres et à travailler des points précis, ou bien à plusieurs (on a un bon groupe d’entraînement à Port la Forêt, et l’on s’entend tous bien !). Mais ce n’est pas facile de donner une journée type !
7/ Quelle chanson inavouable écoutes-tu quand tu es seul au large et qui peut aider contre la fatigue ou l’angoisse ?
J’écoute pas mal de musique. J’ai une playlist assez conséquente où il y a tout et n’importe et quoi. Ça va des années 80, à la musique classique, aux musiques de beaufs, au Rock, etc… Il y a vraiment de tout. Ça m’aide beaucoup en Solitaire, ou ça me fait passer le temps et ça me maintient éveillé. Souvent, le problème, c’est que l’enceinte se décharge trop vite !!! Après, je ne saurais pas te donner une chanson inavouable, car j’écoute vraiment de tout, donc il y a sûrement des chansons inavouables, mais ça dépend pour qui !
8/ Ton objectif cette année, tes ambitions futures ?
J’espère réitérer une belle performance sur La Solitaire, et si possible la victoire ! Après le match va encore être serré, mais l’objectif est surtout d’arriver dans un bon état de forme pour être capable avant la dernière étape de jouer la gagne et le podium. C’est déjà un bel objectif et si je peux jouer la gagne, je n’hésiterais pas même si c’est encore un petit peu tôt pour le dire.
Après, j’enchaîne sur le Transat Jacques Vabre en Class 40. Pour moi, c’est la fin de mes années en tant que Skipper Normandie. Avant la Transat Jacques Vabre, il y aura une nouvelle sélection pour sélectionner un nouveau jeune pour reprendre le bateau. Je suis un petit peu triste de laisser ce beau bateau mais j’en ai bien profité pendant de belles années. Ce n’est pas encore fini mais jusque-là, c’était top.
Après, je vais faire un petit peu de Class 40, mais si j’ai l’opportunité, j’aimerais bien revenir faire du Figaro, et faire d’autres Solitaire. Je n’en aurais fait que deux et je pense qu’il y a beaucoup à apprendre sur cette course.
9/ Un ancien figariste qui te sert d’exemple aujourd’hui ?
Je n’en ai pas, celui qui m’a servi le plus d’exemple est encore là donc je ne vais pas le nommer… Après c’est sûr qu’il y a eu de très bons figaristes, mais c’est difficile lorsque l’on n’a pas regatté contre eux.
10/ Un dernier mot ?
J’espère qu’on aura un beau plateau cette année, avec une belle course. Je suis pressé d’y être et puis tout faire pour que ça se passe bien pour moi !