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CHARLOTTE YVEN : 15EME INSCRITE À LA SOLITAIRE DU FIGARO PAPREC

Charlotte est passionnée de mer depuis son plus jeune âge. Elle a débuté en dériveur puis a navigué en habitable avec une soif grandissante de compétition. Sélectionnée par le programme Skipper Macif 2023, elle a récemment remporté la Transat Paprec en double avec Lois Berrehar et participera à sa 3e Solitaire du Figaro Paprec.

1. Charlotte, j’ai une première question. Si demain soir je te croise en soirée et que je te demande : ” Charlotte, qu’est-ce que tu fais dans la vie ? “. Qu’est-ce que tu me réponds ?

Et bien, je serais super fière de pouvoir te répondre que je suis navigatrice professionnelle, c’est quand même super chouette ! J’ai un parcours voile plutôt classique. J’ai commencé à naviguer dans la baie de Morlaix avec mes parents, j’ai bien accroché et je me suis inscrite au club de voile pour faire de l’optimiste. J’ai bien accroché à la compet, et j’ai continué à faire de la compet en 420 au pôle espoir de Brest en sport étude en entrant au lycée. Puis en 470, au pôle France de Brest en poursuivant mes études d’ingénieur à l’INSA de Rennes. Et puis j’ai basculé dans la course au large en 2019, quand le 470 (qui était féminin et masculin) est passé en mixte. Il fallait soit reconstruire un équipage en mixte, soit partir faire un petit peu autre chose. À ce moment-là, la course au large me tentait, et je me suis un petit peu jeté dans l’inconnue et dans la nouveauté. J’ai fait beaucoup de convoyages en Figaro, des courses en mini en double. J’ai saisi toutes les opportunités de naviguer, et j’ai postulé à toutes les sélections possibles. J’ai été dans la sélection « CMB Espoir » et « CMB Océane », l’année de Tom Laperche et d’Elodie Bonafous. En 2020, juste après le Covid, le Team Vendée Formation a ouvert une formation pour sélectionner un skipper débutant dans un programme de formation. C’était ce qu’il me fallait puisque j’avais tout à apprendre. J’ai été sélectionné par le Team Vendée Formation, et je me suis installé à Saint-Gilles Croix de Vie en Vendée pour deux ans, ce qui change un petit peu de la baie de Morlaix, haha ! Mais c’était très sympa, et j’ai été très bien accueilli. J’ai beaucoup appris pendant ces deux ans, car l’esprit du Team Vendée c’est de former le marin sur tous les aspects de la gestion de projet de course au large, que ça soit la navigation, la stratégie, la météo, etc… Mais aussi la création d’entreprise, la gestion de projet, la communication, les budgets, les plannings, la logistique. J’ai été bien accompagné pour ça.

Lors de ma deuxième année, j’ai trouvé des sponsors qui m’ont permis de commencer à prendre mon indépendance, de créer mon entreprise, et de gérer les relations avec les partenaires. L’objectif du Team Vendée, c’est qu’au bout de 2 ans nous soyons autonomes et prêt à voler de nos propres ailes dans notre projet. À la fin de ces deux années, le timing n’était pas trop mal, car la MACIF a ouvert une sélection 100% féminine, à laquelle j’ai postulé et que j’ai remporté. Je me suis retrouvé à revenir en Bretagne pour m’installer à Port-la-Forêt et naviguer sous les couleurs de la MACIF. C’était exactement ce que je recherchais car je souhaitais me professionnaliser et le faire avec la MACIF c’était vraiment l’idéal. Voilà, ça va être ma troisième Solitaire du Figaro Paprec cette année.


2. Il s’agit de ta troisième participation cette année, quelle image as-tu de La Solitaire du Figaro Paprec ?

Pour moi, La Solitaire du Figaro Paprec, c’est vraiment la course phare de la saison. Celle-ci est fidèle à sa réputation d’être assez dure… je pense même que c’est la plus dure. C’est une course qui est super intense et super excitante aussi. Je me souviendrais toujours de ma première participation, avec le village et toute l’atmosphère autour de cette course qui est assez spéciale, et qui fait quand même quelque chose. Tous les ans, ça me fait un petit quelque chose d’arriver sur La Solitaire du Figaro Paprec ou l’on sait que ça va être dur et long. Mais on sait que l’on va trop kiffer car c’est quand même une course incroyable. On va se pousser au fond de nos retranchements et c’est pour ça qu’on est venu là.

Je dirais que mon niveau d’excitation est toujours à 100%, mais mon niveau d’appréhension diminue un petit peu d’année en année, car avec l’expérience qu’on emmagasine, on appréhende peut-être un petit peu moins. Mais bon ça reste quand même une course qui fait toujours un peu peur donc on va dire 75% d’appréhension.


3. Dis-nous en plus sur tes sponsors ? ton projet ?

Cette année, j’ai la chance de faire partie du programme Skipper MACIF. C’est quelque chose d’assez exceptionnel pour moi, car c’est une grosse équipe avec une belle réputation. Tous les skippers et navigateurs qui sont passés par là avant moi ont maintenant une superbe carrière en course au large, avec de très beaux projets. C’est un programme qui fonctionne !

La MACIF est une entreprise avec des superbes valeurs et qui les portent dans toutes ses actions. Il y a beaucoup d’engagement et de valeurs qu’ils défendent à travers la voile et plein d’autres projets. Je suis vraiment super fière de porter leurs couleurs cette année et j’espère pour encore un ou deux à venir. C’est vraiment un accompagnement très complet tout en nous laissant les rennes du projet, c’est vraiment top !


4. Ton meilleur et pire moment en navigation ?

Ce n’est pas une question facile à laquelle répondre car il y en a plein ! Mais maintenant, mon meilleur moment c’est l’arrivé de la Transat Paprec en tête avec Loïs après presque 19 jours de course. Nous ne sommes arrivés que 15 minutes avant les deuxièmes, Gaston Morvan et Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne – CMB Performance). C’était un moment qui était incroyable. Il y en a eu beaucoup d’autres comme ça pendant cette course : on a croisé une baleine, on a fait de la régate bord à bord pendant 10 jours avec les autres concurrents. Je pense que cette course condense presque tous les meilleurs moments que j’ai eus en navigation.

Pour mes pires moments, il y en a quelques-uns sur la Solitaire du Figaro Paprec. Je pense à mon échouage à Roscoff il y a deux ans pour ma première participation. Après avoir fait une superbe étape, où j’étais passée par toutes les places du classement, j’avais terminé l’étape par une superbe traversé de la manche. J’allais arriver à Roscoff en 5ème position, et 1ère Bizuth, c’était un truc de dingue ! En plus c’était à la maison, donc ça a failli être mon meilleur moment en navigation… Sauf que 200 mètres avant l’arrivée, je me suis échouée sur le dernier caillou où c’était possible de s’échouer. En plus je le connais bien, car j’ai beaucoup navigué dans la baie de Morlaix et je savais très bien qu’il y avait un rocher-là. C’était horrible comme moment, et je pense que sur le moment c’était le pire de ma vie. Après, derrière il y a eu tout un élan de solidarité pour m’aider à réparer le bateau et à repartir sur l’étape suivante. J’en garde un souvenir un petit peu traumatisant, mais quand même sympas pour tout ce qu’il y a eu après !


5. La Solitaire du Figaro Paprec en 3 mots ?

Je dirais Engagement, Persévérance, et Émotion !


6. Raconte-nous ta journée type de marin, hors période de course.

Il n’y a pas vraiment de journée type, car nous sommes chefs d’entreprise et on a tous les jours des trucs différents à gérer. Après, dans une semaine type, on fait du sport et de la préparation physique (de la course à pied, de la prépa physique en salle, de la natation, du vélo, etc…). Ça nous permet de nous maintenir en forme et d’être au top physiquement sur les courses et d’être capable de tenir l’intensité des courses. Après, on a aussi des choses un petit moins rigolo à gérer : de la compta, de la logistique, de la planification, et de la gestion de budget. Ça prend pas mal de temps derrière l’ordinateur mine de rien ! On a aussi les entraînements et la préparation du matériel. Ça nous permet de nous assurer que le bateau sera prêt pour les courses, qu’on aura l’ensemble du matériel nécessaires et que celui-ci est à jour, et qu’on a bien fait les approvisionnements de nourriture. Au final, on est pas mal occupé !!


7. Quelle chanson inavouable écoutes-tu quand tu es seul au large et qui peut aider contre la fatigue ou l’angoisse ?

Je pourrais en trouver plusieurs car j’ai une superbe playlist collaborative pour La Solitaire du Figaro Paprec, où ma famille et mes proches me mettent des petits sons. C’est plein de surprise ! Je peux aussi bien écouter « Malheur, malheur » de Maitre Gims que « La Rockeuse De Diamants » de Catherine Lara. J’ai pas mal de trucs dans cette playlist qui pourrait être inavouable mais que je suis très contente d’avouer parce que ça me met de bonne humeur lorsque j’entends des petites surprises comme ça !


8. Ton objectif cette année, tes ambitions futures ?

Mon objectif cette année, c’est toujours de faire mieux que l’année précédente, ça c’est sûr ! J’ai passé une superbe année au contact de Loïs à naviguer en double et à travailler avec lui. J’ai beaucoup appris et je pense avoir pas mal progresser grâce à l’accompagnement de la MACIF, du Pôle Finistère Course au Large, et du contact de Loïs. J’ai envie de me fixer des objectifs qui sont peut-être un petit peu plus ambitieux que les autres années. J’aimerais bien conclure La Solitaire du Figaro Paprec sur un top 10, et pourquoi pas viser des top 5 et des podiums lors des étapes ! Je n’ai pas envie de me mettre des barrières, et je vais tout faire pour aller chercher des bonnes places !

Concernant mes ambitions futures, j’ai la chance d’être accompagné par la MACIF pour les 2-3 prochaines années. Ça me permet de me projeter et de me fixer des objectifs sur ces trois années, c’’est vraiment chouette ! Après ça, j’espère avoir l’opportunité de naviguer sur des plus gros bateaux et pouvoir enchaîner sur des plus gros projets par la suite !

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