Décidément, Benoît Tuduri (CAPSO en Cavale), en tête de flotte ce matin, n’en finit pas d’imprimer sa patte de bizuth sur cette Solitaire du Figaro Paprec. À coups d’options gonflées et inspirées. Il revient sur sa trajectoire d’hier ; quand on l'a vu se détacher du peloton et traverser le plan d’eau pour aller chercher du vent thermique aux abords de l’île d’Yeu, et au ras des côtes vendéennes. Interview brute de VHF…
Aux avant-postes de la flotte depuis hier, on dirait que ça marche fort...
« C’était une bonne surprise d’arriver en tête à la bouée du Sprint Intermédiaire. J’ai compris que j’étais dans les premiers quand il y a eu pas mal de changements, notamment par rapport aux bateaux de pêche, etc. Mais, j’avais pris une petite option hier. J’ai eu un peu peur à un moment, quand le thermique a mis du temps à rentrer. Finalement, ça s’est bien passé ; j’en suis assez content. »
Avais-tu cogité sur cette option à l’avance ?
« Je connais bien la Vendée, c’est là où je m’entraîne. Et c’est une option que j’avais envisagée dans ma stratégie avec Corentin Douguet, avec qui je travaille la météo. C’était assez intéressant, et ça a joué.
C’est ce qui est intéressant sur ces étapes-là assez longues, c’est qu’il y a des coups à jouer. Et c’est là, où je me retrouve. »
Ce matin, n’y-a-t-il pas un peu de pression qui s’invite à bord ?
« Forcément, il y a pas mal de pression. Et de fatigue aussi, parce que cette nuit n’a pas été de tout repos. Hier, il a fallu passer beaucoup de temps à la barre pour optimiser la vitesse du bateau. Mais je n’ai rien lâché. Et on sait très bien qu’en Figaro, ce n’est jamais fini. Ce matin, il reste encore pas mal de milles. Il y a du monde pas loin… »
Comment abordes-tu cette fin de 3e étape ?
« On vient d’avoir le bulletin (par VHF), et je suis en train d’y réfléchir. Déjà, on a plus de vent que prévu. C’est plutôt positif. Il y aura peut-être moins de part de hasard qui si on avait tapé dans de la molle directement. Sur les fins de parcours comme ça, il vaut mieux rester sur du contrôle et de la ligne directe. Il ne s’agit pas de jouer des options tordues.”
Dans quel état d’esprit te sens-tu à la veille de l’arrivée ?
« Je suis très concentré, rien n’est joué. Je vais essayer de faire tout mon possible pour que le bateau marche à son maximum. Il faut trouver des petits moments, qui seront très courts, pour pouvoir se reposer. Pour tenir jusqu’au bout… »
Avais-tu imaginé un tel scénario pour ta première participation?
« Bien sûr que non, je ne m’attendais pas à ça. Je visais un top dix, c’était mon objectif. Je suis assez satisfait de ce qui se passe, cela fait plaisir. C’est une belle récompense du travail qui a été fait sur l’entraînement et la préparation du bateau. Et c’est un bon cadeau pour les partenaires qui me soutiennent. »