Des larmes, de la colère, de l’incompréhension, de la sidération… Ou encore la fierté d’être parvenu à finir un parcours, qui a pris, cette nuit en approche vers la Baie de Morlaix, la tournure d’un voyage au bout de l’enfer sur mer. La faute au vent qui s’est totalement évaporé, laissant les solitaires sans le moindre filet d’air pour progresser vers une ligne d’arrivée tellement désirée après un parcours qui leur en a fait voir de toutes les couleurs. Favoris, bizuths, amateurs, se retrouvant, toutes et tous, logé.es à la même enseigne : celle de l’impuissance face à ce mauvais coup d’Éole.
Les écarts stratosphériques mesurés après l’arrivée des trois premiers en témoignent. Mais au-delà des chiffres, il y a des mots. Ou des silences qui en disent long. Forcément tous empreints d’émotions se mélangeant dans tous les sens, ils traduisent la dramaturgie de ce parcours Kinsale-Baie de Morlaix, qui restera dans les premières lignes des annales de cette course de légende. Honneurs aux derniers, qui ce matin ont - enfin - affalé les voiles pour amarrer leur monotype au ponton. Au terme de cette interminable étape, leur persévérance, leur abnégation, leur courage méritent d’être salués…
Piers Copham (Voile des Anges), DNF : « C’était long mais super. Et cette fois, je n’ai pas fait de grosse bêtise, j’avais un bon rythme. C’est déjà un plus pour moi ! Je n’avais pas de pression, je pouvais dormir quand je voulais. Je suis content d’être ici même si j’arrive après la fermeture de la ligne ».
Susann Beucke (This Race is Female – GER), DNF : " Je suis dévastée après cette étape. C’était l’une des courses les plus frustrantes de toute ma carrière. Là tout de suite, je déteste la voile. On a eu 24 heures de brouillard, sans vent. Je n’ai jamais vu aussi peu de vent pendant une aussi longue période. Je suis arrivée quelques minutes seulement après la fermeture de la ligne d’arrivée. J’ai pensé à beaucoup de choses sur l’eau. J’ai eu de l’espoir, j’ai pleuré, j’ai été heureuse et triste. Maintenant, je pleure vraiment. Je n’ai pas réussi à beaucoup dormir la nuit dernière parce qu’il y avait des gros bateaux autour qu’il fallait que je les vite. Il fallait que je les prévienne que j’étais là à l’AIS."
Ben Beasley NZL (Ocean Attitude) : 29e
"It was very challenging with a lot of transitions. But I am happy to finish. I am a bit disappointed because I accidentally slept through my alarm and went through into a TSS, so I got a penalty. But otherwise I am happy. It is the longest leg I have done solo. And it was very hard mentally and physically. And in the last ten hours the kite was up and down at least six times. But I am proud to finish and glad to be here.”
🇫🇷"C'était très difficile, avec beaucoup de transitions. Mais je suis heureux de terminer. Je suis un peu déçu parce que je me suis endormi et je suis passé dans un DST, ce qui m'a valu une pénalité. Mais sinon, je suis content. C'est la plus longue étape que j'ai faite en solo. C'était très dur mentalement et physiquement, mais je suis fier d'avoir terminé et heureux d'être ici."
Laurent Givry 28e (CAP HORN) : "Franchement, je pensais que tout le monde était arrivé depuis deux jours, et je me disais : ce n’est pas possible, je suis manchot ! Mais bon, j’ai pris des bonnes leçons. J’ai bien appris comment naviguer dans la pétole. Avec l’électronique, c’est mieux, et tu as plus intérêt à rester en bas devant le computer ; et ensuite tu remontes sur le pont régler. Au moins tu vois bien le courant. Mentalement, hier je n’en pouvais plus. C’était dur. En plus, j’étais dégoûté, parce que j’avais bien commencé la course. Je me suis fais ramasser en Angleterre, avec pas de vent, je n’arrivais plus à porter mon spi. Pffuiii, le moral… Après, quand je suis passéà l’extérieur (du DST de Smalls, ndlr), et quand j’ai vu Région Normandie (Guillaume Pirouelle, ndlr), je me suis dis : ou alors j’ai fait un coup d’enfer, ou alors il a les b***** de me voir. J’ai voulu croire que j’avais fait un coup d’enfer, mais je me suis rendu compte que c’était tout le contraire ! Je ne suis pas au niveau en vitesse. Je l’ai bien vu par rapport à certains, ils vont 10% plus vite. Hier, en fin de journée, reste le moment le plus dur. Là, je pétais un câble, je croyais que tout le monde était arrivé. Il y avait 1,5 / 2 nœuds de vent et cela ne portait pas ; j’avançais avec le courant. Moral à zéro complet. À un moment, je me suis senti champion du monde, heureux comme un pape, et après au plus bas. "
Arthur Hubert 27e (MonAtoutÉnergie.fr) :
“Je suis déçu, c’est vrai que la course avait commencé autrement. C’était trop bien le début ou j’ai pris énormément de plaisir. Jusqu’au phare c'était trop bien, et puis après la catastrophe... Je pense que je n'ai pas été bon c’est sûr mais qu’il y a aussi une grande part de réussite là-dedans. C’est comme ça, c’est un sport et il faut accepter de se prendre des branlées, sinon faut changer…”
David Paul, GBR, (Sailingpoint.co/Just a Drop) 26e :
“It was a night I will never forget. It was as hard a leg as I’ve ever done. But I learned a lot. It was so interesting to be alongside guys like Alexis Loison and Guillaume Pirouelle and see their ability to just keep their boats going even it is just 0.3 of a knot faster. They keep going. That was interesting to see how they approach the transitions. It was super cool to be alongside people like that and learn. Until the last ten miles I was really pleased with how I had been sailing and even through the last ten miles. I think it was so hard when guys have finished and all the time you are out there knowing how much time you are losing. But I thought I sailed well. It was so, so hard to manage sleep last night. It is the first time ever I have had vivid, weird hallucinations. I was sure I was eating cheese with friends. I went a little crazy. It was weird. But that is my best race I have sailed solo. I hit a UFO on the first night and the boat stopped and I hurt my ankle, I went flying. The first 24 hours were sore but the race doctor was really good at helping me bandage my ankle up and with medicine I was good after 24 hours but I am getting it checked.”
🇫🇷 : " C'est une nuit que je n'oublierai jamais. C'était la manche la plus difficile que j'aie jamais faite. Mais j'ai beaucoup appris. C'était très intéressant d'être aux côtés de gars comme Alexis Loison et Guillaume Pirouelle et de voir leur capacité à faire avancer leur bateau même s'il n'est que 0,3 nœud plus rapide. Ils continuent à avancer. C'était intéressant de voir comment ils abordent les transitions. Jusqu'aux dix derniers milles, j'étais vraiment satisfait de la façon dont j'avais navigué. Je pense que c'est très dur quand les premiers ont fini, que vous êtes toujours sur l’eau et que chaque seconde creuse un peu plus l’écart. J'ai eu beaucoup de mal à dormir la nuit dernière. C'est la première fois que j'avais des hallucinations. J'étais sûre d'être en train de manger du fromage avec des amis. Je suis devenue un peu fou. Mais c'est la meilleure course que j'ai faite en solitaire. J'ai heurté un OFNI la première nuit, le bateau s'est arrêté et je me suis blessé à la cheville, j'ai volé. Les premières 24 heures ont été douloureuses, mais le médecin de la course m'a vraiment aidé à bander ma cheville et m’a donné des médicaments, j'étais bien après 24 heures, mais je vais me faire examiner."
Edouard Golbery (Race for Science - Verder ) 25e :
"Effectivement, il y a eu beaucoup de dramaturgie sur cette étape. Le passage de Land’s End, c’était la foire avec des grains, ça passait de 5 à 20 nœuds. Il n’y a pas eu de pire moment pour moi, mais il y a eu plein de moments où je n’avais pas la vitesse du bateau. C’est hyper frustrant, parce que je ne prends pas des mauvaises décisions, mais sur de longs bords, des grandes lignes droites, je me fais dégommer par tout le monde. Je manque de vitesse ; et ça, c’est vraiment, vraiment, vraiment frustrant. Ça rend fou, parce tout le monde te passe. Mais sinon, c’est toujours chouette d’être en mer, même si cette dernière nuit a été longue. Et puis c’était bizarre, parce que tu as 5 nœuds de vent. Tu déroules tout, tu te dis que c’est la piste aux étoiles. Et puis trois minutes plus tard, le vent se casse complètement la gueule. C’est vrai que je suis passé par toutes les phases d’émotions, je me suis même marré à un moment. Toutes les phases, mais sans public ! Cette étape, c’est un peu surréaliste. J’ai l’impression que cela fait deux semaines qu’on est parti ."
Nils Palmieri (TEAMWORK) 24e :
“C’est le truc le plus violent que je n’ai jamais vécu. On me demande souvent quelle est la pire tempête que j’ai vécu en mer, ça y est c’est fait. Ce qui est difficile c’est qu’avec mes collègues de galère on a mené la course au début, on a fait tout juste, on a vraiment bien navigué. J’avais pris soin d’être dans le coup dès le début car je savais que c’était important. À mi-course je me disais que j’étais en train de faire un truc bien. C’est aussi pour ça que cette course est formidable, il faut accepter ce genre de moments même si c’est cruel. On a beau essayer de rester zen, il n’y a aucune méthode contre un truc comme ça. On y laisse beaucoup d’énergie. J’ai tout de même la sensation que si les autres avaient été à notre place, ils auraient fait la même chose, c’est vraiment un facteur externe qui vient perturber tout ça. À refaire, je fais tout pareil, l’objectif de ma Solitaire est de bien faire les choses, et c’est ce que je fais depuis le début, mais cette fois ça n’a pas payé.”
Philippe Hartz (Marine Nationale - Fondation de la Mer) 23e :
"On savait qu’il y aurait des moments un peu tordus sur cette étape mais ce scénario là non… c’est le pire qui puisse arriver. Les premiers sont les derniers et inversement, c’est le jeu. C’est dur de rester positif et dur de faire plus de commentaires. La Solitaire, elle est impitoyable, ingrate, mythique."
Maël Garnier (J'❤️ Garnier) 22e :
"Je suis un petit peu vidé de toute émotion, j’ai donné tout ce que j’avais. Il n’y a pas grand chose à dire… ça ne me dérangeait pas de repasser une nuit en mer, je m’y étais préparé hier en me disant que ça serait pareil pour tout le monde. À priori, il n’y avait pas de chance que ça reparte par devant étant donné les brises thermiques, mais il s’avère que c’est l’opposé qui c’est passé. Je suis surtout déçu car je pensais arriver hier, voir tous mes proches et mes sponsors pour passer un bon moment. On va essayer de garder le moral pour retrouver une dynamique pour la 3ème étape.
Cette nuit, on était au porte de l’enfer avec 0 nœud, du brouillard, de l’humidité et des algues, tout ce qu’on aime pas quoi… J’étais dans un état semi-éveillé à la barre pour faire avancer le bateau. J’ai donné tout ce que j’avais, mètre par mètre pour essayer de faire avancer le bateau, et au final j’ai gardé le moral pour les derniers mètres. Il y a eu du bon sur cette étape, mais c’est difficile de le garder, car c’est brisé en deux minutes."
Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) 21e :
"Cette nuit on s’est retrouvé dans une grosse molle à 20 milles de l’arrivée, je pense qu’on ne mettra jamais autant de temps à faire 20 milles. Ça a été dur moralement, et je me suis retrouvée toute seule un bon moment, ça m’a fait plaisir quand j’ai retrouvé du monde à l’AIS. Au premier pointage j’étais première donc c’était cool, et j’ai fait une bonne partie de la course dans le bon paquet en début de course, c’était chouette aussi. Et il y a eu cette option avec le DST, ou l’on a pas pris le bon choix, mais on s’est bien bagarré pour revenir, et on est tombé dans la molle juste avant l’arrivée."
Tom Dolan (Smurfit Kappa - Kingspan) 20e :
“Je suis fatigué, j’ai un peu soif et j’ai la dalle, comme tout le monde je crois. Ça va. Je gère assez bien le truc. J’ai assez bien navigué au final. Il s’est passé un truc que je n’ai pas compris. J’imagine que les autres sont passés à l’intérieur du DST. Quand nous sommes passés, il y avait cinq nœuds de courant et pas de vent. C’était infranchissable. Ça arrive. C’est juste dommage que ce soit une double peine car on prend 18 heures dans la vue à la fin. Non seulement on a perdu la tête de la course mais en plus on a perdu la Solitaire en prenant deux renverses de marées. Roscoff réserve bien souvent des arrivées dangereuses. Ça ne pouvait pas être plus dangereux que ça je crois. Ce qui me gonfle, c’est quand je fais des conneries et que je navigue mal. On est arrivé trop tôt au DST. On a juste dérivé au large et ceux de derrière sont passés avec le courant. Les passages à niveau par l’arrière sont rares. Prendre 3-4 milles, c’est concevable, mais 16 ou 18 heures, c’est dingue ! Cette nuit, c’était long. J’avais seulement envie d’arriver. J’essayais de faire avancer le bateau pour franchir la ligne. J’ai eu un petit pétage de câbles hier en fin de journée. J’ai frappé la bôme, j’ai dit des gros mots en anglais et je ne peux pas les répéter. Mais ça va, je n’ai pas tant sauté les plombs que ça.”
Julie Simon (DOUZE) 19e :
"Je souhaite juste être contente de moi ; et là c’est le cas. Je finis 20ème, ce qui est déjà une belle perf 'pour moi. Mais en ayant eu ce moment dans la course ou l’on a été bloqué, ou les derniers sont passés premiers, et je fais un super début de course. Les trois premiers jours de course j’étais dans le top 10, et je me suis même payé le luxe de gratter 3 places sur des bons en plus ! Satisfaite de mon début de course car le départ était bon, le parcours côtier était bon, la vitesse était là et les manœuvres ça allait. Après c’était dur dans la pétole, mais ça aurait pu être le scénario contraire si c’était parti par l’avant, et là ça aurait été incroyable ! "
Alexis Loison (Groupe REEL) 18e :
"J’ai pas trouvé ça très logique tout ça, mais c’est la dure loi de La Solitaire. Hier à la VHF, quand on était tous plantés et qu’on voyait que ça allait mal se passer, certains commençaient à me dire : “mais t’as déjà vécu ça !”. Oui, oui j’ai déjà vécu ça mais ça c’était mieux terminé (rires). C’est comme ça, on ne va pas refaire le match, le général est plié et il reste une étape. Il y a quand même du bon à en tirer de cette étape, au final j’ai navigué comme je voulais et je n’ai rien à regretter, je me fais juste recaler et je pense que je n’y pouvais rien. La chance sur une Solitaire ? Oui la chance joue mais ça en fait partie, et j’en ai déjà bénéficié, donc je ne vais pas crier au scandale. C’est juste qu’il faut savoir faire avec, et je ne le voyais pas venir comme ça quand je suis parti de Chicken Run et que tout se passait bien. J’avais un autre scénario de cette fin en tête mais c’est comme ça.
On attend que le vent rentre, mais le vent ne revient jamais. Je n’avais jamais vu ça, notre moyenne sur les dernières 12 heures était complètement dingue. On était à l'arrêt au gré des rizsées, mais il n’y en avait pas, donc c’était plus au gré du courant !
Au début, on discutait un petit peu entre nous, mais ça c’est vite calmé. Je vais retenir que j’ai fait des trucs biens sur l’eau, et le classement on va l’oublier. Il faudra revenir pour péter des étapes, ça ne s'arrêtera jamais ! Mais c’est clair qu'on ne va pas finir sur une note comme ça !"
Guillaume Pirouelle (Région Normandie) 17e :
"Il s'est passé tellement de choses. Je n'ai jamais vu une étape aussi compliquée... Ça avait plutôt super bien commencé : la première nuit on met 20 milles à pas mal de monde, et puis on se fait piéger sur le retour de l'Île de Man. Et là c'est moi qui ai 20 milles de retard. On rencontre des orages à la pointe Sud-Ouest de l'Angleterre, je reviens un peu et puis ça repart. C'était comme un élastique pendant toute l'étape... Le pire c'était vraiment l'arrivée, on est tombé dans la molle, et le groupe de devant a réussi à choper un petit peu d'air. Nous, on a passé toute la nuit entre 0 et 2 nœuds. Je suis passé par toutes les phases sur l'eau : la colère, l'incompréhension, et puis la résignation. On a dû attendre ce matin pour retrouver un tout petit peu de vent. " Il s'est passé tellement de choses. Je n'ai jamais vu une étape aussi compliquée... Ça avait plutôt super bien commencé : la première nuit, on met 20 milles à pas mal de monde, et puis on se fait piéger sur le retour de l'Île de Man. Et là, j’ ai 20 milles de retard. On rencontre des orages à la pointe sud-ouest de l'Angleterre, je reviens un peu et puis ça repart. C'était comme un élastique pendant toute l'étape... Le pire, c'était vraiment l'arrivée, on est tombé dans la molle, et le groupe de devant a réussi à choper un petit peu d'air. Nous, on a passé toute la nuit entre 0 et 2 nœuds. Je suis passé par toutes les phases sur l'eau : la colère, l'incompréhension, et puis la résignation. On a dû attendre ce matin pour retrouver un tout petit peu de vent."
Hugo Dhallenne (YC de Saint Lunaire) 16e :
"On est bien arrivé en baie de morlaix après une nuit gratuite en mer donc s’était sympas. On appréie être sur l’eau, heureusement ! Sur la fin de cette étape , j’avais soif et faim surtout. Maintenant il va falloir prendre du plaisir sur l’eau et finir ça tranquillement. La première partie de l’étape était bien chouette. J’ai vu des dauphins et un requin aussi. Après le DST, c’était un petit peu la punition après la punition à chaque point de passage car on reculait d’un cran à chaque fois, c’est un peu dur. C’était cool de mener la flotte en début de course, mais dès que ça devenait incertain au niveau de la météo c’était plus compliqué de faire les bons choix."
Chloé Lebars (Région Bretagne - CMB Océane) 15e :
"Au début, ça s’est plutôt bien passé. Mais quand j’ai vu le premier classement, j’étais un peu déçue. Le placement que j’avais choisi n’était peut-être pas le bon. En tout cas, je n’avais pas suivi les autres. C’est ce que j’avais dit en partant de Kinsale. Je souhaitais faire mes propres choix et tenter uniquement des choses que j’avais réfléchies et calculées moi-même. Et au final, c’est ce que j’ai fait pendant toute la course donc c’est un gros point positif. Il y a quelques petits moments où j’ai fait des phases inversées avec les autres et ça a fonctionné, d’autres fois où ce n’était pas le cas. Mais je suis plutôt satisfaite de mon étape de manière générale. Même si c’est dommage d’avoir tant perdu avec la pétole. Je pense que j’ai pris trop de risques, j’ai eu un excès de confiance alors qu’il fallait être plus mesurée. "
Jules Delpech (ORCOM) 14e :
"J’ai cru que j’allais devoir mouiller devant la ligne, petit à petit j’arrivais et je voyais le compteur qui diminuait. J’ai passé la ligne à 0,7 nœuds. Je suis content que ça soit terminé parce que je n’en pouvais plus. Cette étape a été très compliquée. Je suis content des 2-3 premiers jours avant que ça soit la loterie, on avait bien fait le boulot avec d'autres marins. Et d’autres marins se sont fait la malle sur le côté. Je ne me sens pas si mal car de mon groupe je crois que j’arrive le premier, mais bon, je crois aussi que le classement général de la solitaire est fait, à moins que l’on remette la même chose sur la prochaine étape. Je voulais finir dans les 10, mais bon c’est comme ça."
Romain Le Gall (Centre excellence voile - Secours Populaire) 13e :
"J'ai une chouette étape, variée. Je suis globalement satisfait. C'est la fin qui a rebattu toutes les cartes. Globalement, je suis content de la façon dont j'ai navigué, content de ce que j'ai fait. Un peu cramé par contre, surtout hier soir à Land's End, il fallait un peu réfléchir à comment s'en sortir, il y avait plein de changements de voiles, c'est là qu'on sentait qu'il y avait plus trop de lucidité. Sinon, j'ai quand même réussi à dormir tout le long de la course, donc ça va."
Elodie Bonafous (Quéguiner – La Vie en Rose), 12e : « Je reviens de l’enfer, et il y en a encore qui y sont... Je suis tellement heureuse d’arriver. Ça a été une étape hyper dure. Je crois que je n’en avais jamais vécu une avec autant de rebondissements ou qui ait été aussi compliquée en termes de stratégie et de météo. J’ai l’impression que ça a duré une éternité et je ne savais pas combien de temps ça allait encore durer. Il y en a qui sont arrivés très longtemps avant, donc c’est un peu dur à encaisser, mais il y en a qui sont aussi encore coincés dehors donc j’essaie de relativiser. Maintenant, il va falloir se donner à fond sur la troisième étape pour se faire un peu plaisir et rehausser un peu le tir. J’ai pris un bon départ, mais la première nuit, j’ai fait une mauvaise option stratégique qui m’a placé directement bien derrière. J’ai passé toute la course vraiment à fond dans ma tête à y croire très fort. Je savais qu’il aurait plein de jeu. Je savais que la situation météo était très particulière et très ouverte. Je suis restée vraiment concentrée. J’avais l’impression d’avoir bien navigué, d’être rapide, d’identifier les risques et de remonter en faisant du gagne petit. J’attendais chaque classement que donnait Yann avec impatience pour regarder le nombre de miles jusqu’à la dernière nuit où j’ai fait un bon coup dans la renverse de courant et je me suis retrouvée 2e juste après. Je me suis dit que c’était cool, que j’avais réussi à revenir et à ne pas lâcher le dossier, mais je savais aussi que ce n’était pas fini. Et que ça pouvait aussi vite re-dégringoler. J’ai fait une erreur à la mi-journée en allant chercher dans l’est quand on traversait pour rentrer à Roscoff. Je l’ai payée cher parce que je crois que j’ai pris 5-6 milles en une heure sur les premiers. Forcément, quand il n’y a plus que 2-3 nœuds de vent, c’est beaucoup. Sinon, tout le reste est hyper positif. Je suis contente de la manière dont j’ai navigué même s’il y a du temps sur cette étape et qu’elle fait très mal. J’ai trouvé plein d’options pour relativiser et tirer le positif de chaque truc. J’étais la première à avoir vu Chicken Rock de jour. Ça ne sert à rien de s’énerver. Sur la fin, j’étais assez zen. Je me suis dit que la seule chose que j’avais à faire, c’était de faire avant mon bateau pour prendre le moins de milles possible sur ceux de devant ! Je n’avais jamais vu une étape avec autant d’écarts. C’est une Solitaire difficile ! »
Romen Richard (Passion santé) 11e : “Je devrais être content mais je suis un peu déçu, c’est bizarre. J’étais dans tous les coups sauf le dernier. Ce n’est pas grave. Je suis content de la manière dont j’ai navigué donc ça reste super positif quand même. Ce que je retiens de l’étape ? Que ce n’est jamais fini ! “
Pierre Daniellot (Team Vendée Formation) 10e :
« L’étape en globalité était assez compliquée et longue. C’est vrai que le coup de la fin avec la grosse molle où les bateaux se rapprochent, c’était un peu dur pour le moral. On voit les autres qui arrivent à passer alors que nous, derrière, on reste bloqués pendant quatre heures et forcément, ça fait un petit peu mal au classement derrière. Mais franchement, c’était vraiment sympa, j’ai appris pleins de choses. J’ai pris beaucoup de plaisir, et j’ai hâte de repartir … Je retiens qu’il n’y a pas eu beaucoup d’air sur l’étape, et qu’il faut savoir prendre des options audacieuses. Des fois ça marche et d’autres non. Cette fois, on a beaucoup rattrapé avec Basile Bourgnon et Benoît Tuduri, car on avait 40 minutes de retard, et on a réussi à rattraper en re-chopant 10 minutes d’avance sur le paquet, comme quoi rien n’est joué en Figaro. Il ne faut rien lâcher jusqu’au bout ! »
Victor Le Pape (Région Bretagne - CMB Espoir) 9e : "Je suis content d’être arrivé, c’était dur, mais quelle course. Des paysages de fou, l’île de Man était incroyable. Et le fait de vivre avec son bateau comme si ça faisait partie de toi, on finit par le connaître par coeur. Question vent c’était très aléatoire, 100m pouvait nous séparer d’un autre concurrent et on avait 10noeuds de différence. Je suis passé par tous les états mais j’ai réussi à ne pas tomber trop bas. Je suis trop content de cette étape même si j’aurai aimé accrocher le tableau bizuth… j’en ressors hyper enrichi."
Robin Marais (Ma Chance Moi Aussi) 8e :
« Ça n’a pas été une étape facile pour moi, malgré un super début où j'étais vraiment content. Il y a eu un grand coup de gauche à la côte et j’ai eu un petit peu du mal à m’en remettre. En plus, j’ai eu un petit peu la crève 24 heures après le départ. Ça a duré 48 heures et ça n’a pas été facile de naviguer comme ça. Après, j’ai tenté pas mal de trucs mais il n’y a pas grand chose qui fonctionnait. La descente dans le canal Saint Georges a été un peu raide, où la flotte m’est passé dessus alors que j’étais à peine à 1/2 milles d’eux. À Land’s End, je me suis dit que c’est là que ça allait se passer, et je n’ai pas réussi à aussi bien faire que Basile (Bourgnon) ou Alexis (Thomas) qui ont très bien navigué. J’ai essayé de vraiment bien naviguer sur toute la Manche et de bien comprendre la météo, ce qui n’était pas facile. Au final ça ne se termine pas trop mal sauf en arrivant, mais il faut réussir à relativiser car on n’a aucune maîtrise sur ça. Au final, il y a quand même eu des trucs sympas, il y avait les dauphins, j’ai vu des thons chasser les sardines, on relativise comme on peut (rire). Cette étape restera bien gravée car elle était raide, et une fois de plus ça montre bien qu’il ne faut jamais jamais se démoraliser même quand on est au fond du bus, essayer de bien naviguer jusqu’au bout car on ne sait jamais ce qui peut se passer. Même si ce n’est pas toujours facile quand on est derrière et qu’on a le moral dans les chaussettes. Aussi, j’ai l’impression de mieux me connaître et de plus me respecter. Avant, je culpabilisais dès que j’allais dormir, ça c’est un petit peu fini et je respecte mes doses de sommeil, quitte à aller un petit peu moins vite à certain moment. Je pense que c’est le meilleur moyen de bien naviguer et d’être bien lucide à la fin. »
Gaston Morvan (Région Bretagne - CMB Performance) 7e :
“Je n’ai même pas les mots pour décrire l’étape tellement c’est dur, et tellement celle-ci a été atroce. J’ai pris du plaisir à certains moments, mais il y aussi eu des trucs trop difficiles. Mentalement celle-ci a été très compliquée. Si tu étais largué derrière, ça revenait dans un sens, et puis dans l’autre après… Ceux qui étaient 20 milles derrière se sont retrouvés en tête, à n’y rien comprendre.
Pour le finish aussi, il n’y a pas de justice. On est à 2 milles des premiers lorsqu’ils coupent la ligne et on finit quatre heures derrière dans zéro nœuds de vent… C’est La Solitaire, c’est intransigeant et ça fait mal sur le moment, ça laisse des traces, mais ça fait grandir aussi je pense. Il reste une étape, et si je peux finir La Solitaire sur une belle dernière étape, je serais content. Après, c’était le général que j’étais venu chercher donc même si le général risque d’être dur à aller chercher, il ne faut jamais dire que c’est fini. Mais j’y ai quand même laissé plusieurs plumes… Ce qui est dur aussi, c’est d’avoir le sentiment d’avoir bien navigué et de prendre trop cher sur le classement. C’est frustrant, il y a ce goût de non-justice.”
Benoît Tuduri (CAPSO-En Cavale) 6e :
"ça fait partie du jeu. Des fois, on se demande pourquoi on fait ce sport (rire). Oui, c'est une fin de course difficile. J'ai vraiment eu bon espoir de prendre un peu la tête et à un certain moment, passé la pointe anglaise, j'étais à fond et malheureusement ça s'est mal fini pour moi. Et puis derrière, sur la traversée de la Manche, j'étais quand même dans le trio de tête. Donc je me dis tiens, je vais prendre une petite option mais rien ne s'est passé comme prévu, j'ai dû redescendre et là j'ai reperdu encore des places. Et puis après la molle, la molle pour arriver. C'est horrible, c'est long, c'est long, c'est long, Et puis c'est vrai que je me bataille est quand même avec Victor pour la place de Bizuth"
Benoît Mariette (Générations Sénioriales) 5e : " Je ne m'étais pas préparé à cette arrivée. Jusqu'à 3 milles de la ligne, il y avait du vent et après, c'est tombé d'un coup... et c'était long. Je me voyais passer la nuit devant la ligne. Donc je suis doublement content, content du classement et content d'être arrivé. Le début de course a été catastrophique et heureusement, il y a eu des opportunités pour revenir et j'ai réussi à les saisir.”
Alexis Thomas (Charente Maritime) 4e:
"C’était l’étape à pas rater et j’ai rien lâcher jusqu’à la fin. Il y a eu des hauts et des bas comme tout le monde mais j’avais confiance dans mes choix, mes options et jusqu’au bout il pouvait se passer des choses. Je n'étais pas inquiet même si à un moment donné j’étais vraiment bien, j’ai laissé faire les choses. Je suis quand même super content et super accueil à Roscoff en tout cas."
Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022) 3e : « J’en ai bavé sur cette course et sur cette étape. C’est vraiment une course ingrate. C’est vraiment la ligne d’arrivée, et tant qu’elle n’est pas franchie, il peut tout se passer. Il faut rester hyper concentré et se donner à fond tout le temps. C’est pour ça qu’elle est dure. La dernière fois que je suis monté sur un podium d’étape de La Solitaire du Figaro Paprec, c’était en 2020. J’avoue que ça m’avait un peu manqué. J’ai souvent été aux avant-postes, rarement récompensé. Là, pour une fois, je n’ai pas trop été aux avant-postes au début. J’ai un peu raté ma première nuit de course mais j’ai été opportuniste. J’ai déroulé tout jusqu’à la ligne, et ça a marché. C’est cool. D’entrée de jeu, j’étais plutôt derrière mais je savais que la route était encore longue donc j’ai plutôt bien vécu le truc. Il reste encore une étape. Il va se passer plein de choses. Je vais faire tout ce que je peux pour faire encore mieux »
Corentin Horeau (Banque Populaire) 2e: « C’est dommage, j’aurais bien aimé gagner cette étape, ça fait longtemps que je cours après. Basile a été meilleur, il a fait un super coup à Land’s End. Je pensais être tout seul mais finalement, il est ressorti derrière moi. Et ensuite, j’ai initié en premier, il était juste derrière. Le vent a tourné à droite mais j'étais à gauche, donc je ne pouvais plus rien faire. J’ai essayé de revenir jusqu’à la fin mais c’était serré, tendu… Bravo à lui. Mais c’est cool nous sommes 1er et 2e au classement général (avant jury) avec peu de temps d’écart donc on va se battre sur la 3e étape »
Basile Bourgnon (Edenred) 1er : « J’étais confiant sur le fait de revenir. J’ai tenté un coup dès le début, où je pensais faire la différence. Quand j’ai appris le classement du matin, on était déjà très loin, à une dizaine de milles je crois. En Figaro, c’est énorme. Et plus ça allait, plus on prenait de retard. A l’île de Man, j’avais plus de 20 milles de retard. Mais je regardais la météo, je savais qu’il y avait des coups à jouer, que ça allait ralentir par devant et qu’il faudrait être opportuniste par la suite. C’est ce que j’ai fait, et j’ai eu une chance incroyable sur un couloir de vent le long des côtes anglaises. J’ai traversé la flotte. Tout le monde était collé. Je suis arrivé avec mon spi et je me suis retrouvé avec Corentin devant. Après, ça a été du Match Racing comme on l’habitude de faire l’hiver ensemble. Là, c’était concret sur l’eau. On a assisté à un duel Edenred vs Banque Populaire. C’était chaud jusqu’à la fin. Il n’y avait pas de vent. A un moment, j’ai cru qu’il allait me passer »