Originaire de la Baie de Morlaix, Armel Le Cléac’h, skipper du Maxi Banque Populaire XI, revient sur les difficultés qui attendent les 32 concurrents avant de couper d'ici quelques heures la ligne d’arrivée de la deuxième étape de La Solitaire du Paprec. Une course qu’il connaît bien pour l’avoir gagnée à trois reprises.
Quelles sont les difficultés que risquent de rencontrer les marins avant de couper la ligne d’arrivée ?
Armel Le Cléac'h : Ils vont devoir composer avec les courants. Même si ce ne sont pas des coefficients de grande marée, il y a toujours du courant ici, notamment en approche de l’île de Batz. Les fonds descendent très vite. Il y a une accélération du courant tout du long de l’île, avec une différence de timing entre la renverse au large et la côte. Cela complexifie parfois les choix concernant le moment où il faut aller à terre et celui où il faut aller au large. C’est toujours un dilemme de calcul, surtout avec très peu de vent comme maintenant. Il y a aussi beaucoup de courant au niveau de la bouée cardinale Astan. Et puis il y aussi l’influence du site parce que l’on est sur une sortie de rivière, ce qui engendre des phénomènes locaux de température d’eau et des différences au niveau du vent. On peut très bien avoir un vent dans un sens dans la rivière et un vent tout autre quelques milles au large. Ça peut aussi beaucoup jouer sur les choix d’arrivée.
Comment se présente l’arrivée ?
Elle va être complexe, surtout avec la fatigue. C’est hyper serré. On voit que les premiers se tiennent en quelques dixièmes de mille. On est content parce que pour le moment, Corentin (Horeau – Banque Populaire) est dans le match. On va voir comment ils vont aborder l’arrivée. Est-ce que certains vont vraiment aller tout de suite à terre du côté de Plouescat pour aller chercher potentiellement la renverse de courant qui va se faire vers 18h00 ? Certains vont peut-être plutôt rester au large pour garder un peu plus de vent. Ça va être intéressant !
Mentalement, ça ne doit pas être simple pour les marins….
Ils ont eu une étape très compliquée avec beaucoup de rebondissements. Je pense que tout le monde a les nerfs à vif. Selon moi, ceux qui sont devant ont un petit avantage parce qu’ils sont revenus de loin et sont plutôt dans une dynamique positive. Ceux qui sont un peu derrière ont encore un espoir, mais les prévisions météo font que le vent devrait tomber complètement en début de soirée, voire en début de nuit, ce qui pourrait créer des écarts entre ceux qui auront franchi la ligne d’arrivée et ceux pour qui la porte pourrait se fermer.