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Publie le 20/09/2020
8e au classement général final de la Solitaire du Figaro 2020, Yann Eliès en aura été l’un des grands animateurs, passé pas loin d’un gros coup sur la troisième étape. Au lendemain du sacre d’Armel Le Cléac’h, le Briochin, 19 participations et 3 victoires au compteur, confie sa passion pour cette course pas comme les autres.
Yann, si tu devais ne garder qu’une image de cette 51e Solitaire du Figaro ?
Mon passage à Ar Men sur cette fameuse troisième étape : au coucher du soleil, je vois que je suis en train de m’échapper, il y a un banc de thons qui passe pas loin de moi, le paysage était magnifique, je sentais que j’étais en train de faire le break, j’étais dans une certaine forme d’euphorie, c’est sans doute le meilleur moment de ma Solitaire. Je retiendrai aussi un passage à Start Point, la côte était belle, la luminosité aussi, c’était un appel à s’arrêter.
Quand on termine une Solitaire, on se dit : plus jamais ça ou vivement la prochaine ?
On ressent surtout une sorte de gueule de bois, parce que la course est finie. On oublie de le dire, mais c’est quelque chose qui est tellement bon, auquel on devient tellement accro qu’à la fin, on a un peu le sentiment du gamin qui a passé un super week-end et doit rentrer à la maison le dimanche soir parce qu’il y a école le lendemain. Là c’est pareil et c’est dur.
A 50 ans, cette Solitaire est-elle toujours aussi belle ?
Oui, je trouve qu’elle se porte plutôt bien, grâce notamment à des personnes comme Francis Le Goff (le directeur de course) qui sont là pour veiller au grain et en préserver l’esprit. Il faut qu’on continue à faire des étapes de minimum trois nuits en mer, d’autant qu’on a un support génial qui nous permet de faire du chemin et de voyager. La première étape, on fait 600 milles, c’est passé comme une lettre à la poste. Donc il ne faut pas s’interdire de faire de 600 à 800 milles, le bateau est fait pour.
Vous voilà six triples vainqueurs, le nouvel entrant est-il à la hauteur ?
Oui, largement, Armel est même sans doute le plus talentueux d’entre nous. Il ne faut pas oublier qu’il fait deuxième dès sa première Solitaire du Figaro, il gagne le Vendée Globe certes à son troisième essai, mais en faisant deux fois deuxième avant. Il mérite amplement cette troisième étoile.
Quelles sont pour toi les bonnes surprises de cette 51e édition ?
Ce n’est qu’une demi-surprise, mais j’aime bien Tom Laperche, je pense que c’est un futur grand champion, vraiment. On a une pépite entre les doigts, avoir une telle maturité à cet âge-là et au bout de deux Solitaire, c’est du rarement vu. J’ai aussi envie de parler des filles, ces deux gamines (Elodie Bonafous et Violette Dorange) qui osent venir sur La Solitaire et qui sont loin d’être ridicules, j’espère qu’elles vont donner envie à d’autres filles de venir parce qu’on va en avoir besoin dans les années à venir. Et j’ai envie de revoir Robin Follin, je l’ai trouvé bien, sympa, il a osé, son passage de l’autre côté d’Ouessant, assumer ce genre d’option à son âge, ça veut dire qu’il en a dans la tronche, il a du cran. J’aimerais bien qu’il ait de nouveau sa chance avec la possibilité de faire une vraie préparation, parce qu’il a vraiment galéré cette année.