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Publie le 19/09/2020
Grand malheureux de la troisième étape de La Solitaire du Figaro qu’il a terminée 29e à près de trois heures de Frédéric Duthil après avoir été longtemps aux avant-postes, Sam Goodchild, occupe la 17e place au général avant la dernière qui s’élance samedi à 19h15. Un parcours de 83 milles qu’il aborde sans pression, mais avec l’envie de bien faire.
As-tu réussi à digérer mentalement la troisième étape ?
C’est dur, mais oui, c’est digéré. J’ai plein d’amis et de gens que je respecte beaucoup qui m’ont appelé pour me dire « Sam, ne sois pas trop dur avec toi, tu as très bien navigué », ça aide à faire passer la déception.
Que retiens-tu de cette étape : le fait d’avoir été quasiment tout le temps aux avant-postes ou la fin, terrible pour toi ?
Les deux. C’est sûr que le côté positif, c’est que j’ai mieux navigué que jamais dans ma vie, j’ai été en super forme sur cette Solitaire. Après, c’est dur de passer à côté de l’opportunité de faire un podium, mais c’est la vie, on va passer à autre chose.
Comment fait-on pour ne pas craquer sur l’eau quand on vit un tel scénario ?
On craque ! Déjà, on est énormément fatigué, ça n’aide pas et ça rend les émotions plus fortes, mais c’est vrai qu’après trois jours bien négociés, je ne me disais pas forcément que j’allais gagner, mais je pensais faire un résultat sur cette étape et me retrouver bien placé au général avant la dernière. A 30 milles de l’arrivée, j’y croyais vraiment et finalement, je suis tombé de très très haut. Donc quand ça arrive, tu es énervé, triste, et en plus, il reste dix heures à passer sur l’eau à regarder passer tous les copains, à réfléchir à la façon de s’en sortir, à se faire mal. Avec l’expérience, ça passe sans doute mieux, c’est peut-être plus facile à digérer pour un Yann Eliès qui en est à sa 19e Solitaire et en a déjà gagné trois, mais moi, j’avais beaucoup misé sur cette Solitaire, donc ça a été difficile à vivre.
As-tu déjà été aussi loin en termes de limites physiques que sur cette étape ?
Cette troisième étape a été dure, j’ai très bien dormi au début en sachant que la fin risquait d’être compliquée, et effectivement à la fin, c’était impossible de dormir car les conditions météo n’étaient jamais stables, ma fin d’étape s’explique peut-être par la fatigue, même si je ne pense pas que j’aurais pu changer grand-chose. Et je ne vois pas quand et comment j’aurais pu dormir, j’ai parlé avec les skippers, c’était la même chose pour eux. Donc oui, effectivement, je pense que sur cette troisième étape, j’ai poussé très loin en termes de fatigue et de manque de sommeil, même si je n’ai pas eu d’hallucinations.
A quoi t’attends-tu désormais sur la quatrième étape ?
Ce matin, c’est mieux qu’hier. Hier soir, on se demandait si ça allait être possible de courir l’étape, aujourd’hui, ça a l’air d’être un peu plus « raisonnable », maintenant, ça va être long avec encore de la molle, le fait qu’on espère faire 80 milles en 24 heures, ça dit tout, ça fait une vitesse moyenne très faible. Maintenant, le seul avantage de ma position aujourd’hui, c’est que je n’ai rien à perdre. Ça ne veut pas dire que je vais taper dans tous les coins, mais je n’ai pas la pression de devoir protéger ma place de leader ou un podium. Ce qui est certain, c’est que j’aimerais bien finir cette Solitaire sur une bonne note. J’ai de plus en plus confiance en moi, en ma vitesse, en Marcel (Van Triest), avec qui je travaille la météo.
Et que dit Marcel ?
C’est compliqué, parce qu’on a un centre dépressionnaire qui n’est pas loin de la zone de départ, et il est susceptible de bouger de 30 milles vers l’ouest, l’est ou le sud, selon son déplacement, ça change tout le scénario de l’étape. Donc c’est difficile de définir une stratégie. C’est d’ailleurs pour ça que j’aime bien Marcel, il ne te donne pas les clés en main pour gagner la Solitaire, mais il te donne tous les outils pour, une fois en mer, mieux comprendre ce qui se passe et mieux adapter tes trajectoires en fonction de la météo.
Finalement, il va falloir bien observer le plan d’eau, revenir un peu aux bases de la navigation à voile ?
Oui, exactement, c’est ça, observer le plan d’eau, le ciel, les nuages. Maintenant, ça risque quand même d’être un peu aléatoire, parce que même si tu vois un nuage, s’il n’y a pas de vent, c’est dur d’aller le chercher, et tu peux très bien tomber dans la molle derrière pendant six heures.
Cette étape peut-elle ressembler en version miniature à la précédente ?
Quand on regardait la météo hier, c’était exactement la même configuration que les 30 derniers milles de la troisième étape, donc oui. Même si c’est dur à vivre, La Solitaire peut encore se décider sur des moments comme ça.
Tu serais dans la tête d’Armel Le Cléac’h aujourd’hui, comment te sentirais-tu ?
Beaucoup plus tendu ! On sentait d’ailleurs au briefing hier qu’il était un peu tendu, mais ça se comprend. Et il n’est pas le seul, tous ceux qui sont dans le top 10 le sont aussi, parce qu’ils ont envie de garder leur position. C’est sûr que si la météo prévoyait un vent d’ouest stable de 15 nœuds, il serait plus détendu.