FRENG

Actualités

Les amateurs éclairés, une « double vie » bien remplie

Publie le 18/08/2022

Réputée pour sa difficulté, La Solitaire du Figaro (coefficient 5), course reine du Championnat de France Elite de Course au Large n’est pas pour autant réservée aux skippers professionnels. Cette année, trois amateurs éclairés seront au départ : le Français Davy Beaudart (Nauty’mor), le Britannique Piers Copham (Voiles des Anges) et l’Irlandais Conor Fogerty (Immunex365.co.uk). Si la vie des marins professionnels est rythmée par les courses et les entraînements, celle des trois amateurs en lice sur la 53e édition de La Solitaire du Figaro n’a rien non plus d’un long fleuve tranquille. En effet, Davy Beaudart, Piers Copham et Conor Fogerty doivent tous trois jongler entre obligations professionnelles, préparation et compétition.

Davy Beaudart / Conor Fogerty / Piers Copham       © Alexis Courcoux
Davy Beaudart / Conor Fogerty / Piers Copham © Alexis Courcoux

Gérant du chantier naval Nauty’mor spécialisé dans la peinture de bateaux depuis sa création à Hennebont en 2011, Davy Beaudart participe pour la 1ère fois à La Solitaire du Figaro cette année, sur un bateau appartenant à son entreprise. Passionné de voile en général, de course au large en particulier, le navigateur de 37 ans, qui tiré ses premiers bords dans la rade de Lorient, débute sérieusement la voile à 16 ans. Et la compétition un an plus tard. « J’avais fait un peu de voile légère enfant mais n’avais pas accroché plus que ça. En revanche, j’étais passionné par les récits de marins et les reportages que je lisais dans les revues. Ma passion pour la course au large n’a cessé de croître », raconte Davy Beaudart, dont les idoles de jeunesse s’appellent Loïck Peyron, Laurent Bourgnon… « J’ai appris à naviguer sur un Mini 6.50. J’avais eu l’opportunité de retaper un bateau en mauvais état. Après deux Mini Transat en 2009 et 2011, j’en ai fait une dernière sur un Proto tout neuf en 2014 avec des ambitions revues à la hausse », poursuit-il. A cette époque, j’enchaînais les bons résultats et Yves Le Blévec m’avait pris sous son aile. J’ai beaucoup navigué en Multi 50, Ultim et Imoca ». Cette année, c’est sur le Figaro qu’il a jeté son dévolu. « Participer à La Solitaire du Figaro est une étape importante dans ma carrière de marin. Ça me tenait à cœur. Le côté régate au contact me plaît énormément. J’essaie de me confronter au mieux à ceux qui qui ont plus de temps pour naviguer. Je navigue autant que possible, même si je suis très pris à mon chantier ». Sa problématique : gérer seul son projet. « Ce n’est pas comme le double ou l’équipage. Les semaines sont longues, les week-ends aussi. Mais c’est un choix et une vraie passion, poursuit le marin originaire de Ploemeur. D’ailleurs, je remercie ma femme, Anne, qui gère la famille en mon absence, et mes deux enfants qui supportent ma non-présence ». Son objectif : « Gagner, mais ça va être compliqué (rires). Plus sérieusement, ça serait top de faire un milieu de tableau au scratch et un podium en bizuths ». Et à terme d’essayer de faire de sa passion son métier, en devenant marin à 100%. D’ailleurs, il monte dans ce sens un projet Class40 en vue de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026.

Doyen de la course du haut de ses 60 printemps, Piers Copham, qui arrive tout droit de la course de Mini 6.50 Les Sables – Les Açores – Les Sables, ne compte pas ses heures non plus. Véritable touche à tout, le Britannique, qui a grandi en bord de mer à Ullapool, petit port de pêche écossais, mène de front activité professionnelle, Mini 6.50 et Figaro Bénéteau 3. A côté, il pratique également l’aviron en compétition. Mais aussi la plongée, ou encore la planche à voile. Pas étonnant quand on sait que ce chef d’entreprise naviguait avant de savoir marcher. Enfant, il construit lui-même son premier bateau avec « une vieille coque d’aviron, deux rames qui ont servi de mât et de bôme et un drap en guise de voile ». Avec son embarcation de fortune, il fait 1 km au près, la même chose au portant. S’il est passionné par tout ce qui touche à la mer, il n’en fait pas son métier pour autant. Ingénieur chimiste de formation, il travaille dans plusieurs pays dont l’Allemagne et les Pays-Bas, avant de faire un MBA en business à l’INSEAD, à Fontainebleau. Un grand écart professionnel. Cependant, sa passion pour les sports nautiques reste constante. « L’aviron me permet de m’évader du travail. On va tout droit, on n’a pas besoin de trop réfléchir. La voile, c’est différent. On ne maîtrise pas les conditions. Et il faut toujours réfléchir à la stratégie. C’est un défi intellectuel ».

Aujourd’hui, l’homme aux diverses origines celtes dirige une dizaine de personnes et navigue à côté. « Je gère mon entreprise basée à Cambridge. Les clients qui me connaissent bien, savent que je fais de la voile. Mon équipe est très expérimentée. Je travaille sur le début des projets et elle prend ensuite le relais. On s’appelle une fois par jour ». Après la Mini Transat en 2021, il change de dimension cette année en s’attaquant à La Solitaire du Figaro. « J’ai participé à la Course Academy à Saint-Gilles-Croix-de-Vie au printemps pour me familiariser avec le Figaro Bénéteau 3. Le niveau est incroyable sur le circuit. Avec la monotypie, seuls les hommes font la différence. Je suis ravi de participer à la course pour la 1ère fois. Mais ce n’est pas un aboutissement en soi. Mon rêve est de faire le Vendée Globe. La question est de savoir jusqu’où un amateur peut aller. Mais d’abord, je dois me concentrer sur cette course et switcher du mode marathon au sprint après la SAS ».

De son côté, Conor Fogerty s’est forgé une solide expérience en navigation tout au long de sa vie. L’homme de 51 ans, qui a grandi à Howth, au nord de Dublin, compte notamment une Clipper Round the World Race à son actif. Il a également remporté le Gypsy Moth Trophy de l’OSTAR en 2017. Et s’est imposé dans sa Classe sur la RORC Caribbean 600 en 2016 et 2018. Pour lui, La Solitaire du Figaro constitue un nouveau challenge. « Je connais Marcus Hutchinson, élu à la Classe Figaro. Nous avons discuté et me voilà ! ça n’a pas été facile car les Figaro Bénéteau 3 sont très techniques. Ce n’est pas évident pour un amateur, surtout que certains des concurrents vivent et respirent Figaro toute l’année. Je travaille dans l’IT, l’immobilier et les produits pharmaceutiques. C’est très intense, raconte celui qui participe à la course sur son propre bateau qu’il a acheté il y a deux ans et demi. Mon objectif est juste de finir. Mais je connais des personnes qui sont venus avec le même but. Ils n’ont cessé de revenir sur la course. C’est addictif quand on s’engage. Sur le coup, c’est stressant et dur mais après, on ne retient que le plaisir et l’envie de s’améliorer »

Pour l’heure, Conor Fogerty n’a pas encore décidé de quoi son avenir vélique sera fait. « Je n’ai pas envie de me précipiter. Le bateau m’appartient donc je n’ai pas de pression. Je veux d’abord terminer cette course et essayer de ne pas être dans les quatre ou cinq derniers. J’ai essayé de m’entraîner un peu en France en début de saison mais ce n’était pas simple avec mon activité professionnelle. Marcus Hutchinson, Vice Président classe Figaro Bénéteau m’a beaucoup aidé, mais je pense que pour faire les choses correctement, il faut s’immerger dedans et habiter en France. Je n’ai pas cette option ».

Tags

No tags were found

Share