Tous les jours pendant que les 35 skippers de La Solitaire du Figaro sont en mer, nous vous proposons l’analyse d’’un expert de la course au large. Pour cette première, Gildas Morvan, qui, derrière Jean-Paul Mouren (28), est le marin ayant participé le plus de fois à l’épreuve (22).

« Ce début d’étape a été assez dur avec un passage de dorsale anticyclonique (zone de vents faibles) qui a été compliqué pour certains. Je pense notamment à Yann Eliès qui, après avoir choisi une option nord, avait réussi à se recentrer à 2 milles dans l’est du paquet de tête, mais comme le vent est rentré par l’ouest, il a vu les mecs de devant s’échapper pour accuser maintenant plus de 20 milles de retard. En revanche, Armel Le Cléac’h et Frédéric Duthil ont insisté sur leur option nord et on voit qu’ils s’en sortent super bien, ils ont réussi à revenir sur les premiers, ça veut dire qu’on va avoir encore du match. D’ailleurs, cette journée s’annonce une nouvelle fois compliquée, parce que dans l’après-midi de mardi, ils vont devoir traverser un front nuageux avec des vents qui vont s’essouffler et tourner à 180 degrés, du coup, ils risquent tous de s’arrêter, ce front peut vraiment resserrer toute la flotte et on peu très bien assister à une sorte de deuxième départ en ligne. En revanche, si ce front n’est pas très actif et bouge vite, les écarts vont rester sensiblement les mêmes. Ils vont arriver ce soir au Fastnet et une fois la marque passée, ils vont « bombarder » pour le retour, au reaching (vent de travers) avec du vent de sud-ouest soutenu, ça va être une vraie course de vitesse, donc beaucoup de temps passé à la barre. Ça fait maintenant deux jours qu’ils sont en mer, ils n’ont sans doute pas dormi la première nuit dans le petit temps, c’était un peu plus favorable la nuit dernière dans du vent plus stable, et aujourd’hui, avec ce front, les nerfs vont de nouveau être mis à rude épreuve. Avec la fatigue qui s’accumule, il faut quand même qu’ils arrivent à faire de petites siestes pour négocier au mieux le retour, ça veut dire mettre de temps en temps le pilote automatique. Et à ce jeu, ceux qui sont capables d’aller vite et de bien régler le bateau sous pilote ont vraiment un gros plus. Au classement, Xavier Macaire et Corentin Douguet font la course en tête, leurs trajectoires sont exemplaires, ils ont navigué juste depuis le départ, ce sont eux qui impriment le tempo, ils sont assez impressionnants, les anciens sont toujours là ! Les petits jeunes de Crédit Mutuel Bretagne (Tom Laperche et Loïs Berrehar) ne sont pas très loin, ils tiennent la cadence, on va voir qui va être le plus résistant sur le retour, car il va falloir lâcher les chevaux. Même en vitesse pure, il peut y avoir des écarts. »