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Frédéric Duthil : « Pourquoi pas ? »

Publie le 18/09/2020

A la veille de la quatrième et dernière étape de La Solitaire du Figaro, une boucle de 85 milles autour de Saint-Nazaire en passant par l’île d’Yeu, Frédéric Duthil (Technique Voile-Cabinet Bourhis Generali), deuxième au général avec 10 minutes et 43 secondes de retard sur le leader, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), estime que la pression n’est pas sur ses épaules.

Dans quel état d’esprit es-tu à la veille de cette dernière étape ?
Cette victoire d’étape qui m’a remis dans le match au classement général a forcément un peu changé mon état d’esprit. Jusqu’ici, l’idée était surtout de se faire plaisir, de naviguer dans le peloton de tête, d’essayer de faire quelque chose de pas trop ridicule par rapport à l’entraînement que j’avais au moment du départ. Là, le fait d’aborder la dernière étape à dix minutes du leader fait que je ne suis plus en position de juste me dire que je vais naviguer pour le plaisir. Je vais quand même naviguer pour le plaisir, mais aussi pour la gagne. J’ai vu que je n’avais pas rougir de ma vitesse ni de la façon dont je navigue depuis le départ, donc je me dis : pourquoi pas ? Je pars vraiment dans un état d’esprit d’essayer de combler mon retard.

Jusqu’ici, tu n’avais aucune pression, en ressens-tu plus maintenant ?
Non, je n’en ai pas. Je suis tenté de dire que finir deuxième, troisième, quatrième, cinquième, dixième du classement, pour moi, ça ne va pas changer. J’ai déjà fait trois podiums sur La Solitaire, une fois deuxième, deux fois troisième, si je fais un quatrième podium, c’est génial, mais le passé m’a appris qu’on ne retient que le vainqueur. Le fait d’avoir remporté une étape est déjà énorme, je ne suis pas dans un état d’esprit de me dire qu’il faut que je préserve absolument ma place sur le podium, je m’en fiche un tout petit peu. C’est un peu mesquin de dire ça, parce que beaucoup m’envieraient aujourd’hui, mais ce qui m’intéresse, c’est de tenter de rattraper ces dix minutes et de me battre contre Armel. Si je peux transformer, tant mieux, mais la pression n’est pas sur moi.

L’histoire serait magnifique si tu gagnais, non ?
On n’y est pas ! Peut-être que l’histoire va se terminer en eau de boudin et que je vais terminer à trois ou quatre heures du vainqueur d’étape. Il y a une chance, une opportunité, je veux essayer de la saisir à 100%

Dix minutes, c’est rien, as-tu une tactique en tête pour tenter de les rattraper ?
Non. Il n’y a aucune tactique en tête, la seule tactique, c’est d’être méga concentré et de prendre le vent qu’on aura pour essayer d’avancer vers le but en faisant le moins d’erreurs possible, car malheureusement, on part encore dans un scénario météo un peu catastrophique. A savoir qu’on est dans un marasme météorologique qui ne nous annonce pas de vent du tout, donc c’est impossible de prévoir une stratégie quand on n’a aucune capacité à prévoir ce qui va se passer. Il va falloir jouer l’instant présent. C’est une étape qui peut créer un énorme chamboulement sur cette Solitaire du Figaro, on n’est pas à l’abri d’un retournement de situation total.

Peut-elle peut ressembler, en version courte, à la troisième ?
Exactement. J’ai réussi à recoller 18 milles à Armel en l’espace de 10 heures sur la troisième étape, sur une étape de 80 milles qui va durer une vingtaine d’heures, c’est tout à fait possible de coller 30 milles à un mec. Donc il faut vraiment aborder les choses humblement en se disant que l’étape va être compliquée et très piégeuse.

Physiquement, penses-tu avoir récupéré ?
Oui, je m’impressionne moi-même. Je trouve que j’ai la caisse. Evidemment, je sens qu’il y a des petits coups de barre dans la journée, parce qu’on sort quand même de quatre nuits en mer très dures, mais je me sens bien, il n’y a pas de souci. Il va falloir tenir une dernière nuit blanche, à fond, et après, on a toute la vie pour se reposer.

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