Fred Duthil : Un scenario dingo !

« Jamais je n’aurais parié sur cette victoire ! Tout a été compliqué, cet après-midi, toute l’étape. Le début de course a été difficile, plein d’incertitudes, de molles et de changements. La nuit en Bretagne Nord a été horrible, avec ces algues omniprésentes. Passé Ouessant, j’étais très fatigué et je me suis assoupi durant une heure. Mais je me suis dit ; « On ne sait jamais, il y aura des coups à jouer ! » Dès Penmarc’h, étant derrière, je me suis dit qu’il fallait passer sous Belle-Ile. Je craignais fortement les dévents de l’île au petit matin. On en avait parlé avec Christian Dumard. J’ai bien fait de l’écouter ! Si jamais j’avais été devant, je ne l’aurais pas fait. Mais là, ça valait le coup de tenter. J’ai cru en cette option. J’ai scruté l’horizon à la jumelle et j’ai compris que j’étais devant. Je suis ensuite tombé dans la molle un moment et j’ai craint que cela revienne par derrière, mais ça a tenu ! Cette victoire est inespérée. Je n’avais navigué que 4 jours avant le départ sur ce bateau prêté par Charles Caudrelier. Je suis venu un peu sur un coup de tête. J’ai fait deux belles premières étapes et j’ai vu que je n’étais pas hors sujet. Je ne pense pas au général, je suis heureux de ce succès ».

Marc Mallaret (CER Occitanie) 2e de l’étape avant Jury

« J’ai fait une étape particulière. Je suis très mal parti, je me suis arraché pour revenir, mais en fin de première journée, je suis entré dans une zone interdite. Cela m’a plombé le moral de savoir que j’allais être pénalisé quoi qu’il arrive. J’étais au fond du trou mais je me suis donné à fond et je suis revenu sur la tête de la flotte. La deuxième nuit, je me bats avec les algues et je me fais doubler. J’ai tenté une option pour revenir qui s’est soldée par un talonnage à Guernesey. C’était dur mentalement. J’avais 30 milles de retard. J’ai échangé avec Elodie Bonafous (Bretagne CMB Oceane) qui était aussi décrochée et je lui ai confié vouloir abandonner sur la VHF. Elle m’a dit d’attendre le lendemain, et finalement on a fait une belle remontée. Ce matin, j’avais confiance en mon option, mais pas au point de remonter 30 places. On a eu de la réussite mais ce fut un bon moment. J’ai exulté. Le passage de ligne a été superbe. Si je perds le podium sur pénalité, ce n’est pas grave. Je suis content de gagner mon étape en bizuth. Je suis mentalement épuisé ce soir. »

Adrien Hardy (Attitude Ocean), 3e de l’étape avant Jury

« Très heureux d’arriver à Saint-Nazaire, presque à la maison avec un podium. C’est rêvé. J’ai beaucoup rêvé durant cette étape, de victoires mais aussi de défaites. Il y eu des hauts et des bas. Je pense aux copains qui étaient bien placés et qui seront déçus à l’arrivée. Cette option a un peu tout chamboulé mais je suis heureux de terminer sur cette bonne note. J’ai pris beaucoup de plaisir , quelles que soient les options. J’ai fait le mauvais choix de passer au vent de Guernesey, un peu seul alors que j’étais bien placé, et cela m’a couté cher. C’est marrant parce que sous Belle Ile, j’étais aussi sous le vent et cette fois, cela a payé! Il s’est passé beaucoup de choses. Cela a été un grand voyage, quasiment un demi tour de France, le long de côtes. On a une chance incroyable de faire ce sport de liberté dans un espace naturel grandiose! Quels paysages! La solitude aussi, malgré la grand fatigue. On est privilégié de faire ce métier. Un thon de la taille d’un dauphin a bondi devant le bateau hier soir. Incroyable. La pollution aussi hélas, le nuage de smog au milieu de la Manche à cause des cargos, les plastiques aussi. Il faut prendre conscience de la beauté de notre terrain de jeu et de sa fragilité. »