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Publie le 29/08/2021
Les 34 skippers de La Solitaire du Figaro ont quitté Lorient. Place au deuxième acte de cette 52e édition. Au programme, 490 milles (907 km) entre Lorient, le plateau de Rochebonne, la pointe de Bretagne et la Manche où les marins vont devoir jouer avec les courants et le rase-cailloux, les zones interdites à la navigation, le trafic maritime et les effets de site. Un exercice exigeant et plus ouvert que la première étape qui devrait laisser peu de place au sommeil et pourrait offrir des opportunités stratégiques aux plus audacieux.
Impressionnant de maîtrise sur la première étape qu’il a remportée haut la main avec une belle avance sur Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) et Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance), Xavier Macaire (Team SNEF) repart en confiance. « J’ai envie de bien faire, de bien travailler et, pour ça, je ne dois pas regarder dans le rétroviseur. Je ne veux surtout pas me reposer sur mes lauriers de la première étape, sur l’avance que j’ai au classement général provisoire et encore moins essayer de contenir mes adversaires. Le but est de faire une belle navigation, de continuer dans le bon influx dans lequel j’étais ».
À l’autre bout du classement, Marc Mallaret (CTB – Contrôles Techniques Bateaux), 30e, a remis les compteurs à zéro lui aussi. « Pour moi, La Solitaire du Figaro commence maintenant. Mon bateau est mieux préparé qu’à Saint-Nazaire. Toute ambition de faire une bonne place au général semble vaine mais il reste trois belles étapes sur lesquelles je compte prendre du plaisir… et des risques ! Je n’ai plus rien à perdre et je suis totalement libéré pour tenter des coups. Cela m’a réussi l’année passée lorsque j’ai fait un podium sur la dernière étape alors que je faisais jusque-là une course moyenne » expliquait ce matin le Montpelliérain.
Un nouveau départ
Entre ces deux extrêmes, chaque skipper de cette 52e Solitaire du Figaro est parti cet après-midi avec son lot d’attentes, d’aspirations profondes et de certitudes intimes, déclarées ou non. « Je pense que cette deuxième étape va être beaucoup plus fatigante que la première. Du coup, j’ai beaucoup dormi depuis mon arrivée à Lorient. Pour l’instant, je suis déçue de mon classement mais je vais tout donner jusqu’à Fécamp. Je pars sereine en me disant que je vais faire ma course, avec les choix qui me correspondent. On verra à l’arrivée » déclarait avant de quitter le ponton Estelle Greck (Respimer), 7e du classement bizuth. Une arrivée que les derniers routages prévoient pour ce mercredi 1er septembre aux alentours de midi.
Go dans les coureaux !
Mais pour arriver, il faut d’abord partir ! C’est ce qu’on fait de manière spectaculaire et inhabituelle, au vent de travers (et non au près comme traditionnellement), les 34 concurrents de cette 52e Solitaire du Figaro. À 14h tapantes, les marins ont déboulé sur leur Figaro Beneteau 3 toutes voiles dehors, gennakers déroulés, bien calés sur leur foil. Dans un vent de nord-est soufflant à une douzaine de nœuds dans les rafales, la flotte s’est élancée sur un parcours côtier musclé. Seuls Corentin Horeau (Mutuelle bleue pour l’Institut Curie) et Achille Nebout (Primeo Energie – Amarris), un peu trop pressés d’en découdre, n’ont pas échappé à un rappel individuel et ont dû s’acquitter d’une réparation. Sous un ciel parsemé de nuages, les courreaux de Groix agités par un léger clapot bouillonnaient d’intensité.
Sur la ligne, Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) se distinguait dès le coup d’envoi et faisait parler son art du départ cultivé sur les ronds olympiques. Le 2e de la première étape coupait la ligne dans un timing parfait. Le Suisse Nils Palmieri (TeamWork) était tout proche dans son tableau arrière, sur ce plan d’eau qu’il connaît comme sa poche, pour y multiplier les entraînements avec l’équipe de Lorient Grand Large. Récent vainqueur de la Transat en Double Concarneau - Saint Barthélémy, il s’est offert le plaisir de contourner en tête la première bouée de ce petit parcours côtier dessiné pour assurer le spectacle et saluer Lorient comme il se doit, après une escale conviviale, appréciée par tous, sur un territoire résolument tourné vers le monde de la course au large.
La vitesse de Laperche
Une bouée plus tard, après un bord au portant très tonique où les skippers ont dû choisir entre le gennaker et le spi, au risque de partir au lof dans les bouffées de ce vent de terre très instable en force. Le skipper helvète était suivi comme son ombre par Gildas Mahé (Breizh Cola), Pierre Quiroga, Martin Le Pape (Gardons la vue), et Pierre Leboucher (GUYOT Environnement - Ruban rose)… Entre autres. Cette entrée en matière tenait toutes ses promesses et se poursuivait de plus belle sur un bord au louvoyage en direction de la pointe de Kerbiscart, devant Lomener, où le rythme des manœuvres s’intensifiait encore. À 14h50, l’heure de parer la dernière marque de ce parcours de chauffe était venue. Cette fois, c’était au tour de Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance), toujours aussi impressionnant en vitesse pure, de virer en tête. À ses trousses, la meute de figaristes est maintenant lancée. Cap sur Belle-Ile…
Pointage à la bouée de Kerbiscart :
1/ Tom Laperche (Bretagne-CMB Performance)
2 / Gildas Mahé (Breizh Cola)
3 / Tanguy Le Turquais (Queguiner – Innoveo)
4 / Fabien Delahaye (Gardons la vue)
5 / Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019)
6 / Gaston Morvan (Bretagne – CMB Espoir) / 1er bizuth
7/ Xavier Macaire (Groupe SNEF)
8 / Eric Peron (French Touch)
9 / Elodie Bonafous (Bretagne - CMB Océane)
10 / Alexis Thomas (La Charente Maritime) / 2e bizuth
Ils ont dit :
Alexis Loison (Région Normandie) : Certains routages nous font passer par la rade de Cherbourg, chez moi, dans mon jardin ! Je connais bien le coin et je sais que les difficultés sont nombreuses. Mais avant d’en arriver là, on va d’abord composer avec pas mal de vent au début, 25 nœuds environ, au travers dans la descente vers Rochebonne. Pour le reste, cette étape est truffée de potentiels passages à niveau. On va passer pas mal de temps dans les cailloux. On ne va pas beaucoup dormir. La situation météo est assez claire, mais des petits décalages peuvent faire beaucoup. Sans compter qu’il y aura des oscillations avec l’obligation de choisir son camp. Il faudra vraiment s’arracher pour être devant. Il faudra être patient, opportuniste… Et tenace !
Violette Dorange (Devenir) : On part sur une deuxième étape compliquée avec des passages dans les cailloux, des courants… Je me sens bien prête avec le sentiment de repartir à zéro. Avec une pointe de fatigue aussi, mais beaucoup d’énergie pour attaquer ce deuxième morceau. Le bateau est encore plus prêt qu’au départ de Saint-Nazaire. Je fais de la préparation mentale et de la sophrologie qui placent le bateau dans ma bulle. Il y a une forme de symbiose qui s’installe avec lui. Face à un problème, on gère tout ça ensemble. L’un des grands enjeux de cette étape sera les phases de sommeil très peu nombreuses et des passages dans les courants qui nous obligeront à faire des choix stratégiques compliqués. Ce sera dur, mais hyper intéressant !
Achille Nebout (Primeo Energie – Amarris) : Cette étape s’annonce assez technique avec du vent assez soutenu en début de parcours, même si cela restera encore gérable. Les deux premiers jours se disputeront plus au reaching sous gennaker avec des petits passages de pétole, des mistoufles, à gérer dans l’après-midi. Et puis dès qu’on aura passé la pointe bretonne, on évoluera au près avec des options et des écarts latéraux qui vont se dessiner… Tout ça donne une vraie étape de Figaro. Sur le papier, elle peut faire vraiment peur avec tous ses points de passage compliqués, mais on devrait quand même bénéficier d’un bon timing par rapport aux renverses de marées. Cela nous facilitera un peu la tâche, même si je me méfie des mauvaises surprises et petites mésaventures – des algues, des casiers, des filets… – qui arrivent vite. Il faudra rester vigilant jusqu’au bout.
Robin Marais (Ma chance moi aussi) : Je viens de prendre les derniers conseils de Lorient Grand Large. Cette étape, la plus courte en nombre de milles, sera aussi la plus technique. C’est un gros morceau avec beaucoup de gagne-petit. Mais on sait que des petits décalages en Manche peuvent donner des grands élastiques. Il ne faudra pas se démoraliser si on est derrière, parce que rien ne sera jamais fini avant la ligne d’arrivée. Je suis un peu plus stressé qu’au départ de la première, sans doute parce que j’ai déjà grillé mon joker. Mais on part avec des conditions anticycloniques, plutôt agréables pour faire du bateau à voile et régater. Je suis content d’être là malgré tout … On va passer plusieurs de cols de haute montagne – raz de Sein, mer d’Iroise, chenal du Four, les Anglo-Normandes…- pour finir au pied des falaises normandes le temps d’une navigation qui peut faire rêver tous les plaisanciers. Je sais qu’on va vivre des moments de mer que la course peut masquer, mais j’espère les apprécier à leur juste valeur.
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